Un an après la signature de l’Accord de Stockholm, la situation humanitaire au Yémen demeure catastrophique. Plus de 24 millions de personnes (sur 30,5 millions) ont besoin d’assistance, soit environ 80 % de la population.
Le conflit généralisé, la profonde crise économique, l’insécurité alimentaire et l’effondrement des services publics essentiels continuent de prélever un lourd tribut sur la santé physique et psychologique de la population.
De très nombreux exemples montrent à quel point le conflit pèse sur l’attitude des personnes vis-à-vis de leur présent et de leur avenir. Dans le gouvernorat d’Al-Dhale, des mères décrivent l’impact des violences au Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
« Maintenant, nos enfants se mettent à pleurer au moindre bruit de pétard », décrit Aseelah au CICR. « Les adultes sont encore marqués par les événements, alors imaginez dans quel état sont les enfants. »
Dans l’un des plus grands orphelinats de Sanaa, des adolescents racontent à quel point le conflit les perturbait.
« Je n’étais plus attentif en classe. Certaines choses me revenaient à l’esprit en plein cours, alors je me mettais à pleurer et je sortais », nous raconte Fadhal Al-Gahtani, un adolescent de 15 ans, évoquant ce qu’il a ressenti quand il a été séparé de ses parents. « Quand il y a des bombardements, les enfants continuent de sourire. Ils ont fini par s’habituer. Ce ne sont pas les explosions qui les effraient, mais plutôt la perspective de perdre des membres de leur famille. »
Dans les zones touchées par des conflits à travers le monde, plus d’une personne sur cinq présente des troubles mentaux, allant de la dépression légère et l’anxiété au syndrome de stress post-traumatique. À troubles équivalents, cela représente trois fois plus de cas que dans le reste de la population mondiale.
Dans un contexte de guerre et de violence, prendre en charge les problèmes de santé mentale peut être aussi vital que stopper une hémorragie ou rétablir l’accès à l’eau potable. Il est indispensable d’aider les personnes à reconstruire leur vie et à participer au relèvement de leur communauté.
De nouvelles données montrent une prise de conscience grandissante de l’importance de la santé mentale dans les situations de conflit. C’est ce que révèle une enquête menée à la demande du CICR auprès de la génération Y dans 16 pays, dont certains touchés par la guerre, d’après laquelle 73 % des personnes interrogées estiment qu’il importe tout autant de répondre aux besoins affectifs et psychologiques des victimes d’une guerre ou de violences armées que de leur fournir de l’eau, de la nourriture et un logement.
Note à l’intention des rédactions :
L’orphelinat de Sanaa accueille aujourd’hui environ 500 enfants âgés de 6 à 18 ans et leur dispense un enseignement. Ce centre d’accueil a permis à 120 jeunes Yéménites de poursuivre leurs études à l’université. Le CICR soutient la remise en état de son bâtiment, de ses installations sanitaires et de sa cuisine.
Le gouvernorat d’Al-Dhale, situé à mi-chemin des villes de Sanaa et d’Aden, est considéré comme le principal point d’entrée des secours humanitaires et des fournitures commerciales. Chaque nouvelle flambée de violence bloque le principal axe d’acheminement des marchandises et déplace des milliers de personnes.
Le pourcentage de 73 % cité dans le texte provient d’un sondage Ipsos mené à la demande du CICR auprès de plus de 16 000 personnes âgées de 20 à 35 ans. Cette enquête révèle l’importance croissante qui est accordée à la prise en charge des besoins psychologiques dans les situations de conflit. L’intégralité de l’enquête sera rendue publique en Janvier 2020.