Au Niger, comme dans la plupart des pays du Sahel*, bon nombre d’éleveurs se trouvent pris entre deux feux. D’un côté, le changement climatique réduit les pâturages disponibles à une allure alarmante sous les effets conjugués de l’augmentation des températures et d’une pluviométrie déficiente. De l’autre, la présence de groupes armés rend les voies ancestrales de transhumance dangereuses.
Boubakar Moukaila est éleveur. Il s’est installé à Tillabery : « Avant, il n’y avait aucun problème de sécurité. Les éleveurs allaient où ils voulaient. C’était rare de voir les animaux mourir de faim. Les pâturages sont inaccessibles. »
Quand ils le peuvent encore, les éleveurs doivent désormais faire migrer leurs troupeaux de plus en plus tôt dans l’année pour des périodes prolongées à la recherche des pâturages restants. Les agriculteurs, eux, peinent à récolter des céréales et des légumes en quantité suffisante.
La raréfaction des ressources, couplée à une absence de perspectives économiques et à une pression démographique en constante augmentation, est à l’origine de tensions entre agriculteurs et éleveurs, qui parfois dégénèrent en affrontements intercommunautaires violents.
Pour ceux qui ont choisi de se sédentariser, ne plus avoir accès aux anciens pâturages signifie que le bétail est en danger. « Avec le changement climatique, vous savez, il n’y a pas assez de fourrage », affirme Hassoumou Diallo, président des associations pastorales du Niger. Il faut souvent faire cohabiter bêtes en bonne santé et bêtes malades dans les mêmes endroits. « Et ça c’est vraiment un problème », conclut-il.
Au total, dans la région du Sahel, plus de neuf millions d’animaux seront vaccinés. Cette campagne de vaccination permettra également de renforcer la résilience de près d’un million et demi de personnes. « Dans des situations de conflits, de crise, où le service de santé [vétérinaire] est déficitaire, le CICR apporte sa contribution en vaccinant le cheptel des éleveurs les plus vulnérables. », explique Alioune Soumano, vétérinaire pour le CICR.
Certains éleveurs, comme Maina Bodo n’ont pas d’autre choix que d’abandonner leur mode de vie traditionnel. La moitié de son troupeau a été volé, l’autre est mort de maladies diverses. « Je vis dans l’angoisse, je n’ai ni bétail, ni maison. Si je trouve un champ, je vais me mettre à l’agriculture. Je n’ai pas le choix. Je ne suis personne sans mon bétail. »
Le Niger continue de faire face à une situation sécuritaire et humanitaire très préoccupante en raison des violences armées et du conflit dans le bassin du Lac Tchad et du Liptako Gourma.
Suite aux violences, la zone frontalière de Diffa, au sud-est du Niger, et celle de Tillabéri, au sud-ouest, accueillent des dizaines de milliers de déplacés internes et de réfugiés vivant dans des conditions particulièrement difficiles.
Note à l’éditeur :
*Le terme Sahel désigne la région d'Afrique de l'Ouest englobant la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. On parle aussi parfois de Sahel occidental.
Contacts presse :
Halimatou Amadou, chargée des relations publiques, CICR Dakar , tél. +221781864687, hamadou@icrc.org
Kadidia Abdou Djabarma, chargée de communication, CICR Niamey, tél : +227 92 19 91 96, kabdoudjabarma@icrc.org
[1] https://www.presidence.ne/discours-du-prsident/2019/9/22/discours-de-sem-issoufou-mahamadou-president-de-la-commission-climat-pour-la-region-du-sahel-reunion-consultative-de-la-commission-climat-pour-la-region-du-sahel-ccrs et https://www.lepoint.fr/monde/niger-face-au-changement-climatique-les-nomades-en-fin-de-course-05-12-2019-2351501_24.php
SHOTLIST
Shooting date February 2020
Country/Location Diffa & Tillabery, Niger
Language(s) Kanuri et fulfuldé
Producer & Camera Birom SECK
Format 1920 x 1080 HD PAL, H264
RÉGION DE TILLABERY
00:00 - 00:38 Vue aérienne du troupeau de bêtes de l’éleveur Boubacar Moukaila qui traversent la rivière pour se rendre au parc de vaccination du CICR (6 plans)
00:38 - 01:11 Boubacar observe son troupeau se faire vacciner.
Soundbite Hassoumiou Djibo Diallo, chef des éleveurs du Niger
Président régional du collectif des associations pastorales du Niger, Hassoumiou milite depuis des années pour l’amélioration des conditions de l’élevage et des éleveurs au Niger car, dit-il, l’insécurité qui sévit dans la région de Tillabery, frontalière avec le Burkina et le Mali a réduit de façon drastique l’accès aux aires de pâturages.
01:11 - 01:16 Avec le changement climatique, vous savez, il n’y a pas assez de fourrage.
01:16 - 01:21 Les animaux sont concentrés dans une seule zone.
01:21 - 01:35 Avec les maladies, les animaux en bonne santé et ceux qui ne sont pas en bonne santé vont se confronter dans un même lieu : le pâturage.
01:35 - 01:39 Et ça, c’est vraiment des problèmes pour les éleveurs.
01:39 - 01:48 Quand l'animal est vacciné, l'éleveur lui aussi se sent à l’aise parce qu'il doit être en bonne santé.
01:48 - 01:51 Parce qu'il consomme le lait et la viande de cet animal.
Soundbite Alioune Soumano, CICR
01:51 - 01:57 Les animaux, généralement, ont des schémas,des couloirs de transhumance qui sont pré-identifiés.
01:57 - 02:06 Mais vu le contexte actuel sécuritaire où les éleveurs cherchent plutôt à sécuriser leur bétail,
02:06 - 02:12 tous les itinéraires de transhumance, de parcours des animaux se trouvent chamboulés.
02:12 - 02:20 Dans des situations de conflits, de crise où le service de santé est déficitaire,
02:20 - 02:26 le CICR apporte sa contribution en vaccinant le cheptel des éleveurs les plus vulnérables.
Comme chaque matin, Boubacar Mounkaila, éleveur résidant à Tillabery, s’assure que toutes ses bêtes se portent bien.
02:26 - 02:34 Aujourd’hui, une des vaches de Boubacar vient de mettre bas. Son fils ainé s’occupe du veau. (2 plans)
02:34 - 02:52 Le fils cadet de Boubacar va traire les chèvres pour sa maman. (4 plans)
02:52 - 03:02 Dieynaba, l’épouse de Boubacar sert du lait frais à son mari. (2 plans)
Soundbite Dieynaba Moukaila
03:02 - 03:08 La vaccination augmente le nombre de nos bêtes et améliore leur santé. C’est très avantageux pour nous.
Soundbite Boubabar Moukaila, éleveur
A 60 ans, Boubacar connaît beaucoup de difficultés. Notamment la perte de la moitié de son troupeau en raison de maladies diverses, et l’impossibilité d’accéder aux pâturages à cause de l’insécurité qui règne dans la zone.
03:08 - 03:14 Récemment encore, mes enfants allaient à la recherche de pâturages jusqu’à Azawad, l’herbe y était abondante.
03:14 - 03:20 Mais aujourd’hui, nous sommes contraints de rester ici, par crainte de subir des attaques là-bas.
03:20 - 03:24 Avant, il n’y’avait pas de problème de sécurité.
03:24 - 03:28 C’était rare de voir des animaux mourir de faim.
03:28 - 03:32 Les espaces de pâturages sont inaccessibles.
03:32 - 03:38 Personne ne va risquer sa vie pour de s’y rendre.
03:38 - 03:43 Un enfant regarde un troupeau de dos. Sur son t-shirt est écrit : “ MORE RESPECT LESS ATTACK” (2 plans)
RÉGION DE DIFFA
En 2016, les populations des villages de Bosso, de Yebi et de Toumour ont fui les combats qui se déroulaient près de chez eux. Ils ont trouvé refuge à Garin Wanzam après plusieurs jours de marche.
03:43 - 03:49 Garin Wanzam est un village situé à 50km de Diffa au Niger. (2 plans)
03:49 - 04:03 Maina Bodo est un éleveur sans bétail. Il a tout perdu en fuyant les attaques dans son village. (4 plans)
Soundbite Maina Bodo
04:03 - 04:11 Je vis dans l’angoisse. Je n’ai ni bétail, ni maison. Si je trouve un champ, je vais me sédentariser
04:11 - 04:15 Je vais me mettre à l’agriculture, je n’ai pas le choix.
04:15 - 04:19 Si la paix revient, je reprendrai mon élevage.
04:19 - 04:23 Je ne suis personne sans mon bétail et je n’ai pas de champ.
04:23 - 04:31 Je n’ai aucun revenu pour le moment, ni commerce ni vaches. Je n’ai rien pour reconstruire ma vie.
04:31 - 04:37 Avec l’aide de Dieu et un peu d’appui, nous pouvons reprendre l’élevage.
Situé dans la région de Diffa, Nguel Ichip est un campement, un regroupement d’éleveurs autour de son puit, vieux de 45 ans. L’installation d’un parc mobile de vaccination par le CICR à Nguel Ichip ne s’est pas faite au hasard. C’est grâce a ce puit que beaucoup de nomades, hommes et bêtes, peuvent encore aujourd’hui, malgré les conséquences des violences et du changement climatique, s’abreuver.
04:37 - 04:46 Vue aérienne du puit de Nguel Ichip (3 plans)
04:46 - 05:07 Un chameau et d’autres animaux viennent s’abreuver au puit (5 plans)
Eleveur, Ayouba a parcouru plusieurs kilomètres pour faire vacciner son bétail. Après s’être désaltérées, les bêtes sont guidées vers le parc mobile installé à quelques dizaines de mètres du puit.
05:07 - 05:13 Ayouba et son troupeau se rendent au parc de vaccination.
Soundbite Mbarouma Ayouba, éleveur
05:13 - 05:15 Les animaux vaccinés sont différents des autres.
05:15 - 05:24 Dès le début de la saison, ils grossissent, ont un joli pelage et sont nettement plus forts que les autres.
05:24 - 05:43 Le troupeau d’Ayouba entre dans l’enclos et se fait vacciner (5 plans)
05:43 - 05-46 Une enfant, à dos d’âne, passe côté d’un troupeau de bœufs.
05:46 - 05:51 Image d’un chameau avec troupeau en arrière-plan
05:51 - 05:55 Un homme s’en va sur son chameau.
05:55 - 05:59 Un arbre au milieu du désert
05:59 Fin