Gaza (CICR) – Une nouvelle étude du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) révèle que la pénurie d’électricité chronique et prolongée ainsi que les pannes de courant fréquentes ont un profond impact psychologique sur la population de Gaza. Pas moins de 94% des personnes interrogées déclarent en effet que cette situation porte atteinte à leur santé mentale.
Selon les estimations, 80% de la population de Gaza n’a accès à l’électricité que 10 à 12 heures par jour et vit donc plongée dans l’obscurité une grande partie du temps. Cet approvisionnement déjà insuffisant a été réduit à 4 à 5 heures par jour depuis la grave escalade des hostilités en mai dernier, qui a endommagé des infrastructures et causé des coupures massives sur toutes les grandes lignes électriques.
Principaux résultats de l’étude :
Les Gazaouis interrogés par le CICR racontent que les pénuries d’électricité rendent leur vie quotidienne extrêmement difficile depuis des années. Il est quasiment impossible de faire le ménage ; les coupures de courant répétées font tomber les appareils en panne ; les enfants n’arrivent pas à finir leurs devoirs ; il n’y a pas d’eau courante ; les générateurs coûtent très cher aux habitants qui peuvent se permettre ce luxe ; et le manque d’électricité aggrave même la pollution de l’environnement et, partant, les risques pour la santé de la population.
« On se croirait vraiment dans un cimetière quand l’électricité est coupée. Il fait nuit noire. Alors j’allume la lampe à huile. On a bien des lampes à LED, mais elles n’éclairent pas suffisamment parce qu’on ne peut pas charger les batteries. Parfois je n’ai plus d’huile pour ma lampe, et elle n’est de toute façon pas assez puissante pour permettre à mes enfants d’étudier », explique Mariam Hunaideq, qui vit avec ses six enfants à Nahr Al-Barid, dans le sud de la bande de Gaza.
Les résultats de l’enquête viennent confirmer les témoignages de longue date des Gazaouis ainsi que les constatations du CICR lui-même. Avec une alimentation en électricité réduite à 3 ou 4 heures par jour au plus fort des crises, les gens sont sévèrement limités dans leurs activités quotidiennes. Même dans les périodes calmes, quand l’approvisionnement en électricité atteint 10 à 12 heures par jour, la chaleur extrême et les restrictions sur l’importation de carburant – nécessaire pour faire tourner l’unique centrale électrique de Gaza – perturbent l’existence des habitants et menacent leur santé.
Si certains peuvent se procurer davantage d’électricité par le biais de générateurs, au moins 500 000 personnes n’en ont pas les moyens et sont donc privées de courant pendant la majeure partie du jour et de la nuit.
« On a une petite batterie pour alimenter les lampes à LED, qu’on ne recharge que quand il y a de l’électricité. Mais elle se décharge en une ou deux heures à peine. Alors les LED s’éteignent et on reste dans le noir complet », raconte Ahmed Darwish, un habitant du camp de réfugiés de Bureij âgé de 64 ans.
Autre conséquence de la pénurie d’électricité, les stations d’épuration sont à l’arrêt et les eaux usées non traitées se déversent dans la mer, polluant de vastes zones du littoral de Gaza. Outre les dégâts écologiques, cela favorise la propagation de bactéries résistantes aux antibiotiques, mettant en danger la santé de la population de Gaza et de toute la région.
« L’électricité à Gaza est devenue un problème qui entrave fortement les services essentiels comme l’approvisionnement en eau, le traitement des eaux usées, la fourniture des soins de santé, mais aussi le commerce et l’irrigation des cultures. En particulier dans des contextes urbains comme celui-ci, le bien-être de la population et la santé publique dépendent largement de l’accès à l’électricité, même après la fin des combats. Il n’est pas normal que les Gazaouis doivent vivre dans ces conditions en 2021. Nous appelons les autorités concernées et la communauté internationale à reconnaître la gravité de la situation et à s’employer à l’améliorer », déclare Mirjam Müller, la cheffe de la sous-délégation du CICR à Gaza.
Le Programme pour la résilience de Gaza
L’électricité n’est pas le seul service qui soit défaillant à Gaza : l’approvisionnement en eau, le traitement des eaux, les services de santé et l’irrigation pour la production alimentaire locale se heurtent aussi à des obstacles. Tous ces systèmes sont interconnectés : quand l’un d’eux fait défaut, les autres sont inévitablement affectés.
Le CICR a lancé en 2020 son Programme pour la résilience de Gaza, qui vise à mieux comprendre ces systèmes et leur interdépendance ainsi qu’à accroître leur résilience face aux chocs systémiques – notamment en améliorant durablement les systèmes d’approvisionnement en eau, de traitement des eaux usées et d’alimentation électrique.
Note à l’intention des producteurs
Le communiqué de presse complet est disponible sur www.cicr.org.
Pour obtenir des informations complémentaires ou organiser une interview, veuillez contacter :
Suhair Zakkout (Gaza) : szakkout@icrc.org ou +972 599 255 381
Christoph Hanger (Tel-Aviv/Jérusalem) : changer@icrc.org ou +972 526 019 150
Yahia Masswadeh (Jérusalem) : ymasswadeh@icrc.org ou +972 526 019 148
Imene Trabelsi (Beyrouth) : itrabelsi@icrc.org ou +961 3 13 83 53
LISTE DES PLANS
Crédité à l’écran : CICR
Durée : 07:18
Pays/Lieu : ville de Gaza
Date de tournage : 01.05.2021
Langue : arabe
Producteurs : Hisham Mhanna/CICR, Christoph Hanger/CICR, Francisco Pavon/CICR
Droit d’auteur/Restrictions éventuelles : S.O.
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Rues de Gaza au moment d’une coupure d’électricité
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Habitant de Gaza allumant un générateur à essence
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Voitures et passants dans une rue plongée dans l’obscurité
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Visages d’enfants devant un feu de brasero dans une maison sans électricité
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Interview de Salwa Al-Namir, habitante de Gaza
« L’électricité doit être payée d’avance. La plupart du temps, je dois emprunter de l’argent pour la payer. Nous passons parfois deux ou trois semaines sans courant. »
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Une mère aide ses enfants à finir leurs devoirs avant la tombée de la nuit à Gaza.
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Interview de Mariam Hunaideq, mère de six enfants
« Ces pannes d’électricité sont insupportables. Elles coupent la connexion Internet. Les enfants ont de plus en plus de peine à faire leurs devoirs. On se croirait vraiment dans un cimetière quand l’électricité est coupée. Il fait nuit noire. Alors j’allume la lampe à huile. On a bien des lampes à LED, mais elles n’éclairent pas suffisamment parce qu’on ne peut pas charger les batteries. Parfois je n’ai plus d’huile pour la lampe, et elle n’est de toute façon pas assez puissante pour permettre à mes enfants d’étudier. »
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Une enseignante de Gaza parle avec une de ses élèves sur une plateforme de communication mobile.
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Interview de Majida Al-Hatou, enseignante
« Il est difficile d’enseigner à cause du manque de connectivité. Je dois attendre que l’électricité et l’accès à Internet soient rétablis pour reprendre mes cours à distance. Dès que le courant revient, je me précipite sur mon ordinateur pour communiquer avec mes élèves. Je fais tout pour ne pas perdre le lien avec eux en ce moment. »
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Majida Al-Hatou, une enseignante de Gaza, essaie de communiquer avec ses élèves pendant une coupure d’électricité.
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Un feu dans une rue de Gaza
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Images de Youssef Al-Sheikh, un enfant de Gaza qui a été grièvement brûlé à l’âge de 10 mois
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Interview de Youssef Al-Sheikh
« Je suis juste un enfant comme les autres. Ce qui m’est arrivé n’est pas de ma faute ! J’adore dessiner, j’aime étudier... J’aime aussi jouer au football avec les autres enfants du quartier. Certains ont peur de moi quand je m’approche ; d’autres se moquent de mon apparence. Je me fais souvent harceler. Je ne peux pas étudier normalement à cause des coupures d’électricité. Elles ont un impact sur tout : l’eau courante, la lessive, la cuisine... Certains jours, l’électricité est coupée pendant presque toute la journée puis elle est rétablie quand on dort – ce qui ne nous sert absolument à rien. J’aimerais devenir ingénieur électricien plus tard pour pouvoir permettre aux gens d’avoir accès à l’électricité 24 heures sur 24. Aucun enfant ne devrait vivre ce que j’ai subi. »
00:03:35 – 00:03:40
Deux enfants passent dans une rue éclairée par des lampes à LED.
00:03:41 – 00:03:48
Des lampes à LED sur batterie éclairent des maisons de Gaza pendant la nuit.
00:03:49 – 00:04:05
Interview d’Abou Ahmed Darwish (père)
« On a une petite batterie pour alimenter les lampes à LED, qu’on ne recharge que quand il y a de l’électricité. Mais elle se décharge en une ou deux heures à peine. Alors les LED s’éteignent et on reste dans le noir complet. »
00:04:06 – 00:04:13
Une batterie alimentant une lampe à LED
00:04:14 – 00:04:24
Interview d’Ahmed Darwish (fils)
« Je paie plus de 100 shekels pour recevoir de l’électricité d’un générateur privé. En plus de la facture d’électricité de la municipalité, qui se monte à 150-200 shekels. Ces charges pèsent trop lourd dans mon budget. »
00:04:25 – 00:04:45
Scènes de la vie quotidienne à Gaza de nuit
00:04:46 – 00:05:01
Oum Ala’a Firwana, une habitante de Gaza, cuit du pain chez elle dans un four portable avec l’aide de sa fille.
00:05:02 – 00:05:37
Interview d’Oum Ala’a Firwana
« Cela fait 12 ans que j’ai des problèmes avec le réfrigérateur. Quand j’ai fini de cuire mes pains, je les mets dans des sacs en plastique et je demande aux voisins de les conserver dans leur frigo. »
« Comme mes enfants ont peur du noir, on achète des bougies à 1 shekel et on les fait brûler pour avoir plus de lumière. »
« Onze personnes vivent dans cette pièce et un minuscule couloir. J’ai dû arrêter d’envoyer mon fils de 9 ans à l’école. C’est lui qui fait vivre la famille. Il gagne 5 à 10 shekels par jour. »
« Je suis toujours inquiète quand le courant est coupé parce que mon plus jeune fils, qui est asthmatique, a besoin d’un inhalateur électrique. Je ne peux pas l’emmener à l’hôpital chaque jour. »
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Images d’Oum Ala’a Firwana avec son fils en pleurs. La mère essaie de faire respirer l’enfant dans son inhalateur électrique quand une panne de courant survient.
00:05:50 – 00:07:18
Scènes de la vie quotidienne à Gaza avant la tombée de la nuit
FIN