À Abéché dans l’est du Tchad, les blessés par balles fuyant le Soudan affluent depuis plusieurs semaines. Les témoignages des victimes recueillis pas nos équipes sur place font état de l’intensité des combats. Des milliers de familles fuient les affrontements armés dans des conditions chaotiques et improvisées. Plusieurs personnes aujourd’hui soignées au Tchad expliquent s’être fait tirer dessus dans leur fuite et se sont fait voler leurs biens. À cela viennent s’ajouter les tensions entre les déplacés et les communautés locales.
Idriss Yaya Annour Ahmat a été blessé à la jambe par un tireur isolé et s’est réfugié dans un village proche d’Al-Genaïna. « À peine arrivé, les habitants m’ont dit que je n’étais pas le bienvenu. J’ai répondu que ma jambe était fracturée. Ils m’ont mis sur mes jambes, puis m’ont laissé tomber. Alors ma fracture partielle est devenue totale. Ils m’ont attaché à un âne et m’ont traîné hors du village. Ils m’ont abandonné là. J’ai passé deux jours dans un trou. Le troisième jour, une dame qui était venue chercher du bois m’a trouvé. »
Idriss Yaya Annour Ahmat se remet aujourd’hui de ses blessures au Centre hospitalier universitaire (CHU) d’Abéché, troisième ville du Tchad. Il est l’un des 23 patients que l’équipe chirurgicale du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a traités depuis son déploiement dans le CHU et le début du programme de chirurgie de guerre le 29 juin 2023. Depuis, les nombreux patients sont opérés dans des conditions difficiles, pour un total de 7 à 8 procédures en moyenne par patients.
Mais face à l’étendue des besoins, l’hôpital manque de tout. Eau, électricité, médicaments, lits disponibles. Le personnel médical et les volontaires de la Croix-Rouge tchadienne ont improvisé des lits de fortune dans les ailes de cet établissement prévu pour accueillir 150 patients. Ils sont cinq fois plus nombreux aujourd’hui.
« Même si nous sommes dans un relativement grand hôpital dans une grande ville, on a l’impression de travailler dans un hôpital de brousse », constate le Dr. Kaleb Abraha Redie, chirurgien de guerre du CICR. « Il y a des jours où nous devons opérer à la lampe frontale. Nous avons besoin de lampes puissantes pour effectuer notre travail mais nous n’en avons pas. »
Il est estimé que plus de 270 000 personnes fuyant le Soudan se sont réfugiées au Tchad depuis le mois d’avril, y compris 20 000 individus au cours de la dernière semaine uniquement. La vaste majorité de ces personnes sont des femmes et des enfants.
Niemat Ebid Abdullah Abbas est l’une de ces mères de famille qui a risqué sa vie pour sauver ses enfants. Blessée à la hanche par un tir alors qu’elle fuyait, elle se souvient avec émotion : « J’ai soudainement senti quelque chose entrer dans ma hanche. Je suis tombée. Mon fils courait quelques mètres devant moi. Il est revenu pour m’aider et je lui ai dit de fuir, pour qu’au moins, lui, reste en vie. Il m’a demandé comment un fils pouvait abandonner sa mère ? Puis il m’a porté pour m’amener en sûreté. »
Au-delà des plaies physiques, nos équipes à Abéché constatent les blessures psychologiques affligées par la violence des combats au Soudan. Alors qu’il changeait les pansements d’une petite fille de sept ans, Diéré Badji, infirmier du CICR, ne comprenait pas les cris incessants de l’enfant. « Elle criait Baba ! Baba ! Ça veut dire papa. La mère a fini par me dire que le père était mort. C’est douloureux. Ces gens ont vécu beaucoup de choses. Ils ont traversé un pays pour se réfugier dans un autre. Ils ont besoin d’être soulagés, rassurés. »
Avec l’arrivée de la saison des pluies et des inondations saisonnières, la situation humanitaire dans l’est du Tchad risque de se compliquer dans les semaines à venir. Les déplacements de population et l’acheminement de l'aide humanitaire pourraient être compromis par les intempéries alors que les besoins continuent d’augmenter de jour en jour.
Le CICR rappelle qu’en vertu du droit international humanitaire, la population civile doit être épargnée et protégée.
Pour plus information, contacter :
Lucien Christen, ICRC Dakar, tel: +221 78 186 46 87, lchristen@icrc.org
SHOTLIST
Location: Abéché, Tchad
Camera: FactStory
Filming Date: 17 Juillet 2023
Length: 5:51
Copyright: ICRC access all
On Screen Credit: ICRC written or logo attached to story
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plan large de l'entrée principal du CHU
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plan large du CHU
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Plan large des réfugiés devant le bloc
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plan serré des blessés de guerre devant le bloc opératoire
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Plan moyen de Idriss sur le lit
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plan serré de Idriss
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plan serré sur la jambe de Idriss
Interview : Idriss Yaya Annour Ahmat
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Dès mon entrée dans le village, les habitants m’ont fait savoir que je n’étais pas le bienvenu.
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Ils m’ont dit d’un ton sec qu’ils ne voulaient pas me voir dans leur village.
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J’ai répondu que si je n’avais pas la jambe fracturée, je ne resterais pas ici, je partirais avec les autres.
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Ils m’ont soulevé et m’ont laissé tomber. Alors ma fracture qui était partielle est devenu totale.
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ils se sont rendu compte que je ne tenais plus debout,
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Alors ils m’ont attaché au dos d’un âne et ils m’ont trainé en dehors du village et ils m’ont abandonné dans un trou.
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Je suis resté deux jours dans ce trou. Le troisième jour, une dame qui était venue chercher du bois m’a trouvé.
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plan large des réfugiés devant le médecin et bloc
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plan serré des réfugiés devant le bureau du médecin
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Gros plan de Niemat Ebid Abdullah Abbas
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Plan moyen Niemat Ebid Abdullah Abbas
Interview : Niemat Edit Abdullah Abbas
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Beaucoup de gens s’enfuyaient ensemble pour se mettre en sûreté.
Many people were fleeing together, looking for safety.
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Mon fils était avec moi
My son was with me
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Soudainement, j’ai senti quelque chose entrer dans ma hanche.
Suddenly I felt something entering my hip.
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Je suis tombée
I fell down
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Mon fils était trois mètres devant moi
My son was three meters ahead of me
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Quand il s’est retourné
when he looked back
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Il a vu que j’étais tombée.
He saw that I had fallen.
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Il est venu m’aider mais je lui ai dit de partir
He came to help me but i told him to go
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Pars s’il te plait, suis les autres
Please go and follow the others
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Tu vas rester en vie, dans un lieu sûr
You will stay alive in a safe place
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Il m’a dit: “tu es ma mère, comment pourrais-je t’abandonner ? »
He told me: “you are my mom, how can i leave you behind?”
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Alors il m’a porté sur son dos et emmenée avec les autres.
so, he carried me and took me with the other people.
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Il m’a emmenée dans un lieu relativement sûr.
He took me to a rather safe place.
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plan moyen infirmier hôpital
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Plan serré visite de l'infirmier aux malades
Interview : Infirmier Diéré Badji
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Nous en tant qu'infirmier post-opératoire
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on ne se soucie pas seulement de l'état physique,
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mais aussi à l'état mental.
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nous avons besoin de la présence des psychologues,
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surtout actuellement, avec les patients qui sont là
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J'entends beaucoup de gens s’exprimer sur leur vécu
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Mais c'est douloureux.
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Ils ont vécu beaucoup de choses,
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ils ont traversé un pays pour venir dans un autre pays pour être accueillis
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Donc ce sont des patients qui ont besoin d'être soulagés et d'être rassurés
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Une petite fille de sept ans., Voilà avec sa sœur,
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Lorsque je faisais le pansement, l'enfant criait comme d'habitude,
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mais j'avais demandé à ce que la maman soit à côté d'elle pour qu'elle soit rassurée
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Mais néanmoins, Elle pleurait.
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Mais en pleurant, elle appelait Baba, Baba,
ça veut dire papa.
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Donc elle demandait son papa.
Du coup, j'ai demandé à la maman
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Mais où est son papa ?
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J'ai posé la question trois fois.
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C'est la troisième fois que la maman s’est rapprochée de mon interlocuteur pour lui siffler à l'oreille.,
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que le papa est décédé.
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Puis je vois l'enfant qui criait, qui voulait que son papa soit là.
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Mais en réalité, son papa n'était plus là et ça m'a touché.
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Franchement, j'ai senti quelque chose un peu douloureux.
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plan moyen de l'infirmier qui travail
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Plan large des infirmiers qui rentre dans la salle
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plan serré chirurgien
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plan large bloc
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Plan moyen bloc opératoire
Interview : Dr Kaleb Abraha Redie
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Eh bien les défis sont énormes.
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Mais pour les résumer,
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Il y a des problème d’électricité.
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L’approvisionnement en eau est insuffisant.
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Les instruments ne sont pas adéquats.
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Le nombre et les compétences du personnel médical ne sont pas adéquats.
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Donc même si nous nous trouvons dans un hôpital relativement grand, dans une grande ville,
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Nous avons l’impression de travailler dans un hôpital de brousse.
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Certains jours, nous avons dû opérer à la lampe frontale.
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Vous savez, nous avons besoin de lampes puissante pour opérer,
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Mais nous n’en avons pas.
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plan serré du chirurgien et infirmier
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plan moyen sortie de la visite
FIN