Mozambique : la violence armée exacerbe les souffrances des victimes du cyclone

La violence armée qui sévit dans la province de Cabo Delgado, la plus septentrionale du Mozambique, cause la destruction de villages entiers et prive les habitants d’accès aux services de base tels que les soins, contraignant des dizaines de personnes à quitter leur foyer.

La violence armée qui sévit dans la province de Cabo Delgado, la plus septentrionale du Mozambique, cause la destruction de villages entiers et prive les habitants d’accès aux services de base tels que les soins, contraignant des dizaines de personnes à quitter leur foyer. Cela vient s'ajouter aux souffrances des familles déjà durement éprouvées par le cyclone Kenneth qui a frappé la région en avril dernier. 

La population de Cabo Delgado subit en fait les effets de la violence armée depuis 2017. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est préoccupé par l’impact qu’aurait cette violence sur les personnes déplacées et les communautés qui les accueillent, si elle devait s’installer.

« Dans la province de Cabo Delgado, les habitants font face depuis deux ans à la violence armée et aux attaques contre leurs villages », explique Patricia Danzi, directrice régionale du CICR pour l’Afrique. « Nombre d’habitants ont dû fuir, laissant derrière eux leur maison, leurs cultures et la majeure partie de leurs biens ».

Ces deux dernières années, des centaines de personnes ont en effet été tuées ou blessées, des maisons incendiées et des biens pillés. Les organisations humanitaires comme le CICR peinent cependant à évaluer les vrais besoins de la population, l’accès aux communautés touchées étant très risqué.

« Les acteurs humanitaires ont du mal à accéder à toutes les zones de la province, poursuit Mme Danzi. La violence armée nous empêche, nous et les autres organisations, d’aller là où nous le souhaiterions, quand nous le voudrions. Avant chaque intervention, nous devons avoir la garantie que nous pouvons nous rendre sur les lieux et en revenir en toute sécurité, sinon, nous n’y allons pas. Il en va de même pour les gens, qui renoncent à se rendre dans des endroits où ils pourraient avoir accès à des services de base, à cause de l’insécurité. En fait, nous n’avons pas pu, à ce jour, nous faire une idée précise de l’ampleur des besoins. »

Les villageois vont chercher refuge dans la sécurité toute relative de grandes villes comme Macomia, ce qui exerce une pression supplémentaire sur des ressources déjà limitées. La plupart des personnes déplacées en raison de la violence sont accueillies par des familles qui partagent avec elles leur habitation et les ressources dont elles disposent.

« J’avais une affaire, je gérais une banque. Mais un jour, des hommes armés sont arrivés et ont mis le feu à ma banque et à tout ce que je possédais. Aujourd’hui, je n’ai plus que les vêtements que je porte sur le dos », se désole Maquela Salimane. Avec sa femme et ses quatre enfants, ils ont fui leur village et sont aujourd’hui hébergés par une famille de Macomia.

D’autres, moins chanceuses, s’entassent dans des lieux publics. Catarina Jaime est l’une d’elles. Avec 22 autres personnes, elle dort à même le sol en terre battue d’une salle de classe dans une école primaire après que leur village a été attaqué ces dernières semaines. « Tout ce que nous voulons, c’est qu’on nous aide à trouver un endroit sûr [pour vivre] car nous ne sommes pas en sécurité ici », implore Catarina.

La violence fait aussi que les gens ont des problèmes pour se nourrir. La récolte précédente avait déjà été perdue à cause du cyclone Kenneth. Par peur des attaques, les agriculteurs abandonnent désormais les champs qu’ils cultivaient à proximité de Macomia pour se tourner vers la production de charbon de bois, activité qui risque d'avoir des effets durables sur l’environnement.

« Cet argent nous aide à subvenir à nos besoins », explique Musa Alfane, qui gagne environ 3 USD par sac de 50 kg de charbon de bois. « Nous souffrons beaucoup de la faim ici à cause de la violence armée et du cyclone. »

Après avoir perdu sa maison suite au passage du cyclone Kenneth, Albertina Clemente s’inquiète aujourd’hui des répercussions que la violence armée pourrait avoir sur sa famille. « Il y a des attaques tout le temps. Nous vivons en permanence dans la peur et nous ne dormons plus. Pas plus tard qu’hier, nous avons entendu des coups de feu, et une partie des habitants du village sont allés se réfugier dans la forêt », raconte-t-elle.

D’autres, comme Sumail Gomes, ont choisi de se réfugier à Macomia pour échapper aux attaques. « Je pars de chez moi parce que le problème de la violence armée ne fait qu’empirer », explique-t-il.

Le CICR est présent à Cabo Delgado depuis 2018, où il mène des activités en collaboration avec la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, et la Croix-Rouge du Mozambique. Ensemble, ils distribuent des semences, des outils agricoles et d’autres articles de première nécessité aux familles qui ont été frappées par le cyclone. Le CICR a en outre reconstruit la maternité de Macomia, détruite par la tempête, et travaille actuellement à remettre en état le système d’approvisionnement en eau. Il est toutefois conscient que ce n’est qu’une goutte d’eau par rapport à tout ce qu’il y aurait à faire.

« Les effets de la violence armée viennent s’ajouter à ceux du cyclone qui a frappé la province en début d’année, détruisant presque tout ce que les gens possédaient, conclut Mme Danzi. Ils sont aujourd’hui face au double défi de devoir reconstruire leur vie une deuxième fois. »

Informations complémentaires :

Tendayi Sengwe, CICR Pretoria, tél. : +27 66 476 4446

Crystal Wells, CICR Nairobi (anglais), tél. : +254 716 897 265

 

LISTE DES PLANS

Lieu : district de Macomia, province de Cabo Delgado, Mozambique

Caméra : Crystal Wells

Productrice : Crystal Wells

Durée : 06:29

Réf. CICR : 20191204-Mozambique-CaboDelgado

Date : 27-30 novembre 2019

Copyright : CICR – libre de droits

Lieu : ville de Macomia, district de Macomia, province de Cabo Delgado, Mozambique

Extrait sonore, Patricia Danzi, directrice régionale du CICR pour l’Afrique

00:00-00:14: « Dans la province de Cabo Delgado, les habitants font face à la violence armée et aux attaques contre leurs villages depuis 2017. Nombre d’entre eux ont dû fuir, laissant derrière eux leur maison, leurs cultures et la majeure partie de leurs biens.

00:15-00:20: Plan large de l'extérieur de l’école primaire qui abrite des déplacés internes

00:21-00:26: Vue intérieure de la salle de classe au sol en terre battue où dorment 23 personnes qui ont fui leur village après une attaque

Extrait sonore, Catarina Jaime

00:27-00:35: Tout ce que nous voulons, c'est qu’on nous aide à trouver un endroit sûr [pour vivre] car nous ne sommes pas en sécurité ici.

00:36-00:39: Gros plan sur les mains de Catarina Jaime

00:40-00:50: Catarina Jaime et d’autres déplacés internes devant l’école où ils ont trouvé refuge

00:51-00:57: Gros plan sur une fillette et sa mère devant l’école où elles ont trouvé refuge

00:58-01:11: Vue intérieure de la salle de classe où dorment 23 personnes qui ont fui leur village après une attaque

Extrait sonore, Maquela Salimane

01:12-01:30: J’avais une affaire, je gérais une banque. Mais un jour, des hommes sont arrivés et ont mis le feu à ma banque et à tout ce que je possédais. Aujourd’hui, je n’ai plus que les vêtements que je porte sur le dos.

01:31-01:47: Maquela Salimane avec sa femme et sa fille devant la maison qu’ils partagent avec une famille de Macomia

01:48-01:57: Gros plan sur la femme et la plus jeune fille de Maquela Salimane

Extrait sonore, Musa Alfane

01:59-02:44: Cet argent m’aide à subvenir à nos besoins. Ici nous souffrons beaucoup de la faim à cause de la violence armée et du cyclone.

02:45-03:25: Plan rapproché et plan large de Musa Alfane en train de produire du charbon de bois

Extrait sonore, Albertina Clemente

03:25-03:43: Il y a des attaques tout le temps. Nous vivons en permanence dans la peur et nous ne dormons plus. Pas plus tard qu’hier, nous avons entendu des coups de feu, et certains d’entre nous sont allés se réfugier dans la forêt.

03:44-04:08: Gros plan sur Albertina Clemente en train d’égrainer des épis de maïs

04:09-04:15: Albertina Clemente au milieu des ruines de son ancienne maison, détruite par le cyclone Kenneth en avril

04:16-04:19: Plan large d’une maison détruite suite au passage du cyclone Kenneth

04:20-04:26: Palmier renversé par le cyclone Kenneth

Extrait, Sumail Gomes

04:27-04:34: Je pars de chez moi parce que le problème de la violence armée ne fait qu’empirer.

04:35-04:41: Les filles de Sumail Gomes dans la maison que la famille construit dans la ville de Macomia

Extrait sonore, Patricia Danzi, directrice régionale du CICR pour l’Afrique

04:42-05:21: Les acteurs humanitaires ont du mal à accéder à toutes les zones de la province. La violence armée nous empêche, nous et les autres organisations, d’aller là où nous le souhaiterions, quand nous le voudrions. Avant chaque intervention, nous devons avoir la garantie que nous pouvons nous rendre sur les lieux et en revenir en toute sécurité, sinon, nous n’y allons pas. Il en va de même pour les gens, qui renoncent à se rendre dans des endroits où ils pourraient avoir accès à des services de base, à cause de l’insécurité. En fait, nous n’avons pas pu, à ce jour, nous faire une idée précise de l’ampleur des besoins.

05:22-05:41: Femme cultivant la terre au bord de la route près de Macomia

05:42-05:51: Plan large d’un champ ensemencé aux abords de Macomia, où des arbres et des plantes sont coupés pour faire du charbon de bois

05:52-05:55: Souche d'arbre brûlée après que le bois a été utilisé pour faire du charbon de bois

05:56-06:11: Femme assise devant sa maison en train de tamiser de la farine

Extrait sonore, Patricia Danzi, directrice régionale du CICR pour l’Afrique

06:12 – fin : Les effets de la violence armée viennent s’ajouter à ceux du cyclone qui a frappé la province en début d’année, détruisant presque tout ce que les gens possédaient. Ils sont aujourd’hui face au double défi de devoir reconstruire leur vie une deuxième fois.

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