Burkina Faso: conflit armé, COVID-19, inondations, une triple crise frappe les habitants
Alors que le COVID-19 fait la une de l’actualité dans la plupart du monde, les conflits armés n’ont pas cessé au Sahel. Au contraire, les incidents armés se sont accentués, provoquant des déplacements massifs de populations. Rien qu’au Burkina Faso, la barre du million de déplacés internes vient d’être franchie, soit le double depuis juillet 2019.
La ville de Kaya, à cent kilomètres au nord-est de Ouagadougou, illustre cette dégradation de la situation humanitaire. Et pour compliquer le tout, de fortes pluies ont touché cette localité il y a dix jours, causant des inondations.
Cette région du Burkina Faso fait partie des zones en proie au conflit armé. L’état d’insécurité a provoqué le déplacement massif des populations vers des lieux plus surs comme les centres urbains. A Kaya, le chef-lieu de la région Centre-Nord, plus de 100 000 déplacés se sont rajoutés aux 130 000 résidents habituels. Les déplacés y vivent dans quatre sites de regroupement, certains dans des abris de fortune.
Fati Soré est originaire de Pensa à 90 kilomètres de là. Elle explique : « Avant, nous cultivions nos terres, nous élevions nos animaux. Nous en vivions. Nous nous sommes enfuis à la suite d’attaques perpétrées dans notre village. Les gens qui nous ont chassés étaient armés. Ils nous tiraient dessus. Ils nous tiraient dessus. Ils nous tiraient dessus. C’est pour cela que nous avons pris la fuite. Hélas, certains parmi nous n’ont pas survécu. »
Elle aurait connu un autre sort sans la générosité des communautés locales : « Grâce à Dieu, les populations de Kaya nous ont accueillis à bras ouverts, avec dignité », conclut-elle.
Du fait de l’insécurité, cinq centres de santé dans la région de Kaya sont à l’arrêt. Ceci en pleine pandémie de COVID-19 qui a affaibli le système sanitaire. En réponse à cette situation, le CICR, en collaboration avec les autorités sanitaires, a décidé de renforcer un centre encore en activité en rétablissant les infrastructures, fournissant des médicaments, des lits, une ambulance-tricycle et assurant des formations du personnel de santé. D’avril à juillet, le CICR a ainsi soutenu la prise en charge de plus de 20 000 personnes.
Les besoins sanitaires sont si importants que le centre de Kaya doit fournir des soins à huit fois plus de patients qu’en temps normal. Une partie du personnel de santé vient d’autres localités.
Certains infirmiers et médecins qui ont été obligés d’abandonner leur poste dans les zones où sévit la violence travaillent aujourd’hui dans le centre. L’affluence y est constante. Les patients viennent de loin. Plus de 80 pour cent des patients sont des personnes déplacées.
De fortes pluies ont frappé le Burkina Faso touchant plus de 7 000 personnes selon les autorités. Kaya n’a pas été épargnée : 1440 personnes, dont 880 déplacés internes, sont sinistrés. Trois personnes déplacées sont décédées, deux d’entre elles à la suite de l’écroulement de maisons sur leurs abris. La Croix-Rouge burkinabè a procédé dimanche à des distributions d’articles de ménage essentiels pour plus de 700 personnes.
« La crise politique et sécuritaire continue. Le conflit armé entre les groupes continue. Le changement climatique est toujours visible presque à chaque pas que je fais dans cet environnement. On voit aussi que la pauvreté structurelle, qui depuis longtemps afflige les populations du Sahel, vient s'ajouter à ces problèmes. Et on a vu Covid-19 qui n'a peut-être pas touché comme crise sanitaire la région, mais comme crise économique. Donc cette convergence de problèmes fait un explosif énorme, une crise humanitaire de pointe », a déclaré Peter Maurer, président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui vient d’achever une visite de cinq jours au Niger et au Burkina Faso.
En raison de ces besoins, le CICR a récemment alloué près de 8 milliards de francs CFA [12 millions de francs suisses] supplémentaires à son budget opérationnel pour la région du Sahel. Ces fonds sont destinés à renforcer la protection des populations civiles, à fournir des services essentiels et à supporter les communautés à rétablir leurs moyens d’existence.
Pour obtenir des informations complémentaires, veuillez contacter nos porte-parole :
A Dakar : Jean-Yves Clémenzo jclemenzo@icrc.org
tél. : +221 78 639 86 29
A Ouagadougou: Emeline Oboulbiga Epouse Yameogo poboulbigaepouseyame@icrc.org
Tél. + 226 70 75 64 94
A Genève : Florian Seriex fseriex@icrc.org
Tél. + 41 79 574 06 36
LISTE DES PLANS
Lieu : Kaya, Burkina Faso
Date : 12-13 septembre 2020
Durée : 5 min 32 sec
Caméraman : Birom Seck
Langues : français et moré
Copyright : images libres de droits
00:00 Plans généraux d’un camp de déplacés dans les alentours immédiats de Kaya.
00:06 Plans incluant la femme déplacée
Interview de Fati Soré en moré. Ancienne éleveuse et cultivatrice, elle a dû fuir les affrontements dans son village avec une quinzaine d'enfants pour se rendre à Kaya, ville plus sure
00:15 « Nous nous sommes enfuis à la suite d’attaques perpétrées dans notre village.
00:23 Les gens qui nous ont chassés étaient armés.
00:28 Ils nous tiraient dessus. Ils nous tiraient dessus….
00:33 C’est pour cela que nous avons pris la fuite. Hélas, certains parmi nous n’ont pas survécu.”
00:36 Grâce à Dieu, les populations de Kaya nous ont accueillis à bras ouverts, avec dignité.
00:42 Il n’y a aucune vie possible sans accès à l’eau.
00:46 Nous nous en servons pour boire et pour notre hygiène.
00:50 Tout ce que nous faisons dépend de l’eau que nous avons. »
00:56 La déplacée sort de sa tente, un bidon à la main.
01:01 Elle se rend au forage avec d’autres femmes.
01:09 Sous le regard d’Issiaka Ouedraogo, gardien du forage, les femme puisent de l’eau.
01:30 Issiaka Ouedraogo va rendre visite aux déplacés accueillis par son fils.
Interview d’Issiaka Ouedraogo en moré.
Habitant de Kaya et père de 21 enfants, il accueille dans la maison d’un de ses fils une vingtaine de déplacés.
01:40 « Nous sommes originaires d’ici. Nous avons accueilli ces personnes déplacées chez nous. Nous les avons aidées à s’installer.
01:50 Nous partageons tout ce dont nous disposons.
01:56 A l’arrivée des déplacés, nous n’avions pas assez de couvert végétal. Ils n’avaient pas d’autres choix que d’abattre les arbres qu’on avait épargnés.
02:09 Nous les avons vu faire, mais, par compréhension, nous n’en n’avons pas fait un problème. Leur présence a un impact certain sur l’environnement, mais nous ne pouvons pas leur en vouloir.
02:22 Nous vivons en pleine harmonie avec nos invités.
02:25 Une de mes maisons était habitée par mes garçons. Je les ai fait sortir, pour que nos invités aient où dormir. »
02:36 Plans des déplacés hébergés chez le fils d’Issiaka Ouedraogo
Interview du Dr Boukari Sorgho, du CICR, en français
02:47 « Kaya est caractérisée par le fait que l’eau ne suffit pas pour les populations résidentes.
02:52 Lorsque vous avez une pression de personnes internes, cela devient encore un autre problème.
02:58 Pour les personnes déplacées, pour les communautés, il faut faciliter le travail des agents de santé, il faut faciliter les transports médicaux, il faut respecter aujourd’hui les structures médicales. »
03:09 Arrivée de l’ambulance-triporteur.
03:17 Panneau annonçant le Centre de santé de Kaya
03:21 Une femme est sortie du triporteur sur un brancard.
Interview du Dr Boukari Sorgho, du CICR, en français
03:25 « Cette formation sanitaire est censée couvrir les besoins de 20’000 personnes en une année. C’est ce qui était prévu.
03:33 Aujourd’hui, avec la situation de conflit armé qui a engendré l’afflux de personnes déplacées internes, ce centre de santé couvre aujourd’hui de 150’000 à 200’000 personnes. »
03:45 Travaux au Centre de santé.
03:48 Patiente seule sur un lit.
03:50 Autre patiente auscultée.
04:03 Lits déchargés et installés à l’intérieur du Centre de santé par une équipe du CICR.
04:07 Plans divers du Centre avec patientes.
Interview de Peter Maurer, président du CICR, en français
04:22 « La crise politique et sécuritaire continue, le conflit armé entre les groupes continue.
04:29 Le changement climatique est toujours visible, presque à chaque pas que je fais dans cet environnement.
04:38 On voit aussi que la pauvreté structurelle qui depuis longtemps afflige les populations du Sahel viennent s’ajouter à ces problèmes.
04:49 et on a vu Covid19 qui n’a pas peut-être touché comme crise sanitaire la région, mais comme crise économique.
04:58 Donc cette convergence de problèmes fait un explosif énorme, une crise humanitaire de pointe. C’est la raison pour laquelle cette région est une forte priorité pour le CICR. »
05:13 Plans généraux de Kaya.
05:32 Fin