Libye : Les déplacés de retour chez eux dans le sud de Tripoli sont confrontés à des destructions à tous les niveaux
Plus de 20 000 habitants des quartiers sud de Tripoli ont regagné leurs maisons situées près des anciennes lignes de front. Au terme d’un déplacement de plus d’une année, les familles qui reviennent trouvent leurs habitations détruites et sont confrontées à la pénurie des ressources et au manque de services essentiels.
« Quand je suis revenu chez moi, j’ai retrouvé ma maison détruite, incendiée et pillée. Il ne restait plus rien », explique Ibrahim Al-Salem. Cet ancien habitant du quartier a dû emprunter de l’argent à des amis pour pouvoir réparer sa maison. Lui et ses enfants ont dormi sur la plage pendant les deux premiers mois de leur déplacement.
Des services aussi essentiels que l’électricité, l’eau et les soins de santé ont été durement éprouvés par les combats. « L’électricité n’est revenue que dans 30% de notre quartier », déclare Khaled Al-Ghwili, un représentant de la communauté d'Al-Qabailya, un quartier de la ville d’Ain Zara, dans le sud de Tripoli. « La structure médicale la plus proche est à une dizaine de kilomètres d’ici, et elle ne dispense que les premiers soins et des services de santé de base », ajoute-t-il.
Dans certaines zones contaminées, les familles qui revenaient devaient affronter les dangers posés par les mines et autres engins non explosés. « Quand nous sommes revenus, la situation était très difficile. Il y avait partout des gravats et des munitions non explosées », explique Abdulbasit, un habitant du quartier d’Al-Khalatat. Déplacés pendant 16 mois, lui et sa famille ont vécu dans cinq villes différentes.
Des années d’instabilité et de combats ont eu de graves répercussions sur le tissu socio-économique. De nombreux Libyens – notamment les déplacés qui reviennent chez eux – sont en difficulté dans le contexte d'une économie en déroute. De plus en plus de gens perdent leurs moyens de subsistance, les employés ne perçoivent plus leur salaire et de nombreuses personnes doivent emprunter de l’argent à leurs amis et à leur famille, sans savoir comment ils pourront rembourser ces prêts. Un conflit prolongé, une situation économique qui se dégrade et, aujourd’hui, la Covid-19 viennent éroder la capacité des personnes à survivre financièrement.
Néanmoins, les habitants de retour dans le quartier trouvent constamment des moyens de faire face à la situation. « Nous nous entraidons. L’un de nous possède un générateur, un autre s’y connait en électricité, etc. ; nous essayons de joindre nos efforts et de nous soutenir les uns les autres », explique Abdulbasit. La date de la rentrée scolaire approche et des habitants d’Al-Qabailya se sont portés volontaires pour réparer l’école du quartier. « Le bâtiment est en très mauvais état. Le toit, les murs, les pupitres, les câbles électriques, tout a été endommagé », précise Ahmed, qui s’est porté volontaire pour repeindre l’école et aider aux travaux de restauration.
Les affrontements ont cessé dans le sud de Tripoli, mais les déplacés qui reviennent chez eux savent que le retour à la normale prendra de nombreuses années. Ils suivent l’actualité qui touche aux nombreux « mécanismes de déconfliction » et au processus de paix, en gardant l’espoir que ces négociations mettront un terme à cet interminable conflit.
Note :
Le CICR fournit une assistance aux personnes déplacées originaires à Ain Zara – dont un certain nombre sont aujourd’hui de retour dans leur quartier – pour les aider à faire face à la situation.
Pour plus d’informations, veuillez prendre contact avec :
Qusai Alazroni, porte-parole du CICR pour la Libye, +216 5516 6657, qalazroni@icrc.org
Sarah Alzawqari, porte-parole du CICR pour le Moyen-Orient, +961 3 13 83 53, salzawqari@icrc.org