Les jeunes Syriens décrivent le lourd tribut payé au conflit pendant une « décennie de pertes inestimables »
Alors que le conflit en Syrie entre dans sa 11e année, une étude mandatée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) met en évidence le lourd tribut payé par les jeunes Syriens.
Au total, 1400 Syriens et Syriennes âgés de 18 à 25 ans ont été interrogés en Syrie, au Liban et en Allemagne. Tous font état d’expériences similaires : liens familiaux et amicaux brisés, immenses difficultés économiques, sentiment d’inquiétude, ambitions contrariées, étapes clés de la vie manquées et profondes séquelles psychologiques laissées par des années d’instabilité et de violences incessantes.
Rami Asfar, 29 ans, a dû quitter sa ville natale de Hama pour s’installer à Alep pendant le conflit. Il dit qu’il n’oubliera jamais le moment où il a pris la décision de partir.
« La guerre a changé ma vie du tout au tout. J’ai dû déménager, revoir mes ambitions et tous mes plans, même changer de filière à l’université. J’ai été forcé de faire certains choix pour survivre dans un pays en pleine crise. »
Les jeunes Syriens placent les débouchés économiques et l’emploi en tête de leur liste de besoins prioritaires, suivis par les soins de santé, l’éducation et le soutien psychologique. Les femmes ont été particulièrement touchées sur le plan économique : en Syrie, près de 30% d’entre elles déclarent n’avoir aucun revenu pour faire vivre leur famille. Par ailleurs, les jeunes Syriens vivant au Liban considèrent l’aide humanitaire comme l’un de leurs principaux besoins.
Ahmad, originaire de Homs et réfugié au Liban, affirme que sa situation se dégrade de jour en jour.
« J’avais plus d’argent en poche à 10 ans qu’aujourd’hui à 24 ans. J’ai perdu tout ce que je possédais : chez moi, j’avais une armoire, un bureau et un ordinateur rien que pour moi. »
À 26 ans, Iman Shebli a vécu plusieurs années au Liban avec sa famille avant de partir étudier à Barcelone.
« J’ai dû tout recommencer à zéro. On m’a dit que c’était difficile de trouver du travail ici à cause des problèmes économiques et du coronavirus. »
L’enquête met aussi clairement en lumière l’impact du conflit sur la santé mentale. Au cours des 12 derniers mois, les jeunes Syriens restés dans leur pays ont ainsi souffert de diverses difficultés émotionnelles causées par le conflit : troubles du sommeil (54%), anxiété (73%), dépression (58%), solitude (46%), frustration (62%) et détresse (69%). Dans les trois pays à l’étude, les sondés ont désigné l’accès à un soutien psychologique comme l’un de leurs besoins prioritaires.
Pour l’artiste Rami Asfar, qui vend désormais ses créations dans une galerie de sa ville d’adoption, la guerre a eu un impact avant tout psychologique.
« Je n’ai pas été physiquement blessé. Le plus dur pour moi, ce sont les dommages psychologiques et émotionnels. J’ai essayé de les surmonter, mais ça m’a laissé des séquelles avec lesquelles je devrai vivre pour le restant de mes jours. »
Malgré toutes ces difficultés, la plupart des jeunes Syriens interrogés ont déclaré envisager l’avenir avec optimisme. Leurs espoirs et leurs ambitions pour la prochaine décennie ont une portée universelle : la sécurité et la stabilité, la possibilité de fonder une famille, un emploi bien rémunéré, des soins de santé et autres services abordables et accessibles et la fin des bouleversements et du conflit.
- Des dirigeants et des porte-parole du CICR sont disponibles pour des interviews dans différentes parties du monde.
- Tous les supports de communication, y compris le rapport et les vidéos, sont sous embargo jusqu’au 10 mars à 6 heures du matin (CET).
Téléchargez notre rapport :« Une décennie perdue : enquête auprès de la jeunesse syrienne ».
Informations complémentaires et demandes d’interview :
Adnan Hezam, CICR Damas, ahizam@icrc.org ,+963 930 336 718 (arabe)
Sara Alzawqari, CICR Beyrouth, salzawqari@icrc.org, +961 31 38353 (anglais, arabe)
Ruth Hetherington, CICR Genève, rhetherington@icrc.org, +41 79 447 3726 (anglais)