Au Tigré, la violence armée et la manque de fournitures agricoles risquent d'entrainer de graves pénuries de nourriture
Alors que les combats se poursuivent dans certaines poches de la région du Tigré, en Éthiopie, et que les réserves de nourriture s’amenuisent, les agriculteurs locaux vivent dans la peur et souffrent d’une pénurie de semences et d’engrais à l’approche de la saison des plantations.
« Nos enfants souffrent, témoigne Endrias Kidane. Chaque fois qu’on entend un bruit d’impact sur nos toits en tôle ondulée, on pense immédiatement à des coups de feu et on s’enfuit en courant en direction des collines et des montagnes. »
« On ne peut rien faire pousser sans engrais, ajoute Weyzero Haregu Teshale, et on nous a volé tous nos stocks. »
Sans ces fournitures agricoles, les pénuries de nourriture déjà perceptibles dans la région vont continuer de s’aggraver et des milliers de personnes risquent de ne pas avoir assez à manger durant la saison des plantations.
Pour aider les agriculteurs qui peuvent accéder à leurs terres en sécurité à préparer la récolte de céréales de l’année prochaine, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), en partenariat avec la Croix-Rouge éthiopienne, distribue des semences et deux sortes d’engrais à 16 000 familles qui vivent dans le centre de la région du Tigré.
« Les communautés agricoles que nous avons récemment rencontrées sont en difficulté. Elles doivent se contenter de deux repas par jour au lieu de trois, et leur régime alimentaire s’est beaucoup appauvri », déplore Amila Suriyarathne, qui dirige le programme de sécurité économique du CICR en Éthiopie. « La saison des cultures commence tôt dans la région du Tigré, et les choses pourraient rapidement tourner à la catastrophe si les agriculteurs ne peuvent pas semer à temps. »
L’agriculture est la principale activité de subsistance dans le Tigré rural. Néanmoins, le climat et la nature du sol dans cette région montagneuse posent d’énormes difficultés aux agriculteurs, qui dépendent très largement des engrais pour obtenir de bonnes récoltes. Depuis la flambée de violence survenue dans la région en novembre dernier, les coopératives agricoles ne sont plus en mesure de fournir à crédit les semences et les engrais indispensables aux cultivateurs locaux.
À cela s’ajoute le problème des personnes déplacées : d’après les estimations, elles seraient un million à dépendre du soutien des communautés d’accueil, qui partagent avec elles leurs ressources limitées et voient de fait leurs réserves de nourriture diminuer dangereusement. Enfin, de nombreuses communautés agricoles ont été victimes de pillages, ce qui a encore réduit leurs capacités de production alimentaire
D’après une analyse menée récemment par le CICR sur la sécurité alimentaire au Tigré, les familles qui ne prennent déjà plus que deux repas par jour pourraient bientôt devoir se restreindre à un seul repas quotidien. Outre qu’elle perturbe le cycle agricole, la violence armée qui sévit dans la région prive les familles de la possibilité de trouver et d’exercer une activité complémentaire qui leur permettrait de manger davantage à leur faim.
Pour en savoir plus sur l’assistance apportée par le CICR aux populations du Tigré, veuillez consulter le dernier bilan de ses activités dans la région.
LISTE DES PLANS
Lieu : Aksum, région du Tigré, Éthiopie
Durée : 7:52
Format : mp4
Réalisation : Eric Chege
Date : 26/05/2021
Copyright : CICR – images libres de droits
00:00-00:06
Plan large d’un village à Aksum.
00:07-00:13
Plan large d’un village à Aksum.
00:14-00:31
Plans de diverses maisons et fermes.
00:32-00:46
Plans de villageois en train de marcher.
00:47-00:52
Plans de villageois assis.
00:53-01:38
Interview d’Endrias Kidane, membre de la communauté
« Depuis le 25 octobre, nous vivons dans la peur. Nos enfants souffrent, la peur ne nous quitte plus. Chaque fois qu’on entend un bruit d’impact sur nos toits en tôle ondulée, on pense immédiatement à des coups de feu et on s’enfuit en courant en direction des collines et des montagnes. »
01:39-01:59
Plans de femmes assises.
02:00-02:13
Plans d’un garçon assis.
02:14-02:42
Interview de Weyzero Haregu Teshale, membre de la communauté
« Nous souffrons beaucoup de la situation. Nous avons tous abandonné nos maisons sans rien emporter ; nos enfants sont exposés à toutes sortes de maladies et ne vont plus à l’école. Les femmes et les enfants se terrent dans les montagnes. »
02 :43-02 :54
Plan large de la zone de distribution.
02:55-03:20
Plans d’une séance d’information animée par des employés du CICR à l’intention des membres de la communauté.
03:21-04:14
Interview de Malaika Van Klinken, cheffe de l’équipe Sécurité économique
« Après les violences de novembre dernier, il y a eu d’importantes pertes de semences et aussi une pénurie d’engrais dans la région. Ici, la terre a besoin d’engrais, c’est pourquoi nous sommes venus sur place évaluer la situation, et la première chose que les gens nous ont demandé, ce sont des semences et des engrais. Nous avons donc fait le tour des villages pour évaluer les besoins des communautés ; nous avons inspecté 12 qebelés, composés chacun de 3 ou 4 villages ; cela représente au total une quarantaine de villages. L’évaluation consistait à cerner les problèmes de sécurité, à localiser avec précision les terres des villageois et à déterminer s’ils avaient ou non déjà commencé à labourer. À partir de là, nous pouvions décider de l’utilité de leur fournir des semences et des engrais. Dans cette quarantaine de villages, les habitants avaient déjà commencé à labourer et à préparer la terre et avaient cruellement besoin d’engrais pour pouvoir commencer à semer. »
04:15-04:43
Plans du lieu de distribution au moment du déchargement des sacs d’engrais et de semences acheminés par camion.
04:44-05:02
Plans de membres de la communauté lors de l’enregistrement et de la vérification avant la distribution.
05:03-05:21
Plans de villageois sur le point de récupérer leurs sacs de semences et d’engrais.
05:22-05:41
Interview de Malaika Van Klinken, cheffe de l’équipe Sécurité économique
« Dans ces 12 qebelés, nous venons en aide à 16 134 ménages. Chaque ménage reçoit 100 kg d’engrais de deux sortes (50 kg de chaque), 5 kg de semences de sorgho et 10 kg de semences de teff. »
05:42-06:17
Plans de l’opération de distribution.
06:18-06:38
Interview de Weyzero Haregu Teshale, membre de la communauté
« Nous sommes très heureux de recevoir des engrais. On ne peut rien faire pousser sans engrais et on nous avait volé tous nos stocks. »
06:39-07:18
Interview de Malaika Van Klinken, cheffe de l’équipe Sécurité économique
« La réaction des gens est incroyablement positive. Le souvenir de la famine des années 80 est encore très présent dans les esprits. La plus grande inquiétude des gens, lorsque le conflit a éclaté et avec tout ce qui s’est passé ensuite, était de ne pas pouvoir produire assez de nourriture. C’est cette crainte qui les a poussés à continuer de labourer et cultiver leurs terres, et c’est ce qui explique leur réaction si enthousiaste. À peine avons-nous terminé la distribution que des gens se mettent à planter leurs semences de sorgho, réservant celles de teff pour juin. Ils sont préparés. Encore fortement marqués par le traumatisme de la famine, ils veulent à tout prix éviter d’être à nouveau en situation d’insécurité alimentaire. »
07:19-07:52
Plans de bénéficiaires attachant leurs sacs d’engrais et de semences pour le transport.