Yemen: Des millions de personnes menacées par la pénurie d’eau et de nourriture, sur fond de réduction des financements de l’aide humanitaire
Le conflit qui sévit au Yémen depuis plus de cinq ans a épuisé la population et plongé le pays dans la plus grave crise humanitaire du monde. Pour la plupart des Yéménites, l’accès à l’eau, à la nourriture et aux services de base devient chaque jour plus difficile, alors même que le financement des opérations humanitaires s’est fortement réduit.
Au Yémen, des millions de personnes souffrent chaque jour de la pénurie d’eau qui frappe le pays, un des plus pauvres en eau de la planète. Le réseau hydrique national, qui ne dessert que 30% de la population, est endommagé et a besoin d’être modernisé à de nombreux endroits. Plus de 15 millions de personnes sont contraintes de recourir à des moyens coûteux en temps et en argent pour pouvoir se procurer chaque jour de l’eau en suffisance.
« Il n’y a pas d’eau propre ici, ni de projets hydriques fonctionnels. Pour se procurer de l’eau potable, il faut attendre des heures à l’extérieur que des camions-citernes l’acheminent jusqu’ici », explique Om Yahya, une mère de quatre enfants qui vit dans la banlieue de Sanaa et qui attend avec d’autres habitants l’arrivée des camions au point d’eau. Elle doit souvent patienter plusieurs heures pour pouvoir remplir deux jerricanes qui permettront tout juste de subvenir aux besoins de sa famille pour la journée.
Des millions de Yéménites sont obligés de marcher des kilomètres pour trouver de l’eau, s’exposant ainsi à divers risques, comme celui de subir une agression.
« Nos enfants doivent parcourir chaque jour de longues distances pour aller chercher de l’eau sans un moyen de transport adéquat, ce qui oblige bon nombre d’entre eux à interrompre leur scolarité. Ils s’exposent en outre à des accidents, car beaucoup doivent utiliser des ânes pour transporter l’eau. À cause de cela, de nombreux enfants de la région souffrent de handicaps permanents », indique Hassan, un habitant du district de Medi, dans le gouvernorat de Hajjah.
Dans de nombreuses régions, les habitants en sont réduits à boire de l’eau agricole et à l’utiliser pour cuisiner et se laver. L’utilisation de cette eau destinée à l’agriculture provoque des problèmes de santé graves au sein de la population.
Le manque d’accès à l’eau potable et le faible niveau de traitement des eaux usées contribuent à l’apparition d’épidémies, comme celles de choléra et de diarrhée aqueuse aiguë qui se sont déclarées en octobre 2016 dans ce pays où près de 20 millions de personnes n’ont pas accès aux soins de santé de base.
L’insécurité alimentaire continue de gagner du terrain à mesure que le conflit se prolonge. La plupart des Yéménites survivent avec un seul repas par jour, tandis que la malnutrition infantile progresse. La situation sur le plan de la sécurité alimentaire a été aggravée par l’escalade du conflit, la pandémie de Covid-19, les inondations, l’invasion de criquets pèlerins, l’effondrement de l’économie et la réduction de l’aide humanitaire.
« Ma famille n’a pas d’autre choix que de s’en remettre à la charité pour manger. Les colis de vivres sont notre seul moyen de pourvoir subvenir à nos besoins alimentaires de base. Mais comme la plupart des organisations ont mis fin à leurs activités de soutien alimentaire, nous comptons essentiellement sur la solidarité communautaire pour nous en sortir », explique Ali, 45 ans et père de trois enfants, qui vit dans un logement provisoire à Taïz et peine à trouver un emploi car considéré comme trop âgé pour travailler.
Bien que 24 millions de personnes sur une population de 30 millions d’habitants aient besoin d’une assistance humanitaire sous une forme ou une autre, les financements destinés au Yémen sont en forte baisse. La dernière conférence internationale des donateurs pour le Yémen qui s’est tenue en début d’année n’a permis de réunir que 50% des fonds demandés.
«Il est important que le monde n’ oublie pas la situation critique de cette population qui souffre de la guerre et de la violence », déclare Peter Maurer, président du CICR. Le pire scenario pour la population yéménite c’ est que pendant que la situation se dégrade, l’attention mondiale s’amenuise.
Le recul des financements a un impact direct sur la vie des gens, mais aussi sur notre capacité à leur apporter durablement une aide vitale et à renforcer comme il se doit les infrastructures de base fragiles du pays.
Informations complémentaires :
Basheer Omar (Yémen), tél. : +967 737889476 ou +967 771 480 412
Imene Trabelsi (Beyrouth), itrabelsi@icrc.org tél. : +961 3 138 353
Ruth Hetherington (Genève), rhetherington@icrc.org , tél. : +33 6 33 28 88 23
Notes à l’intention des rédactions :
Insécurité alimentaire au Yémen :
· Après six années de conflit, les ressources financières et les réserves sont épuisées, l’économie s’est effondrée, les taux d’inflation et de chômage sont élevés et les prix des produits de première nécessité se sont envolés, enfonçant près de 20 millions de personnes dans l’insécurité alimentaire.
· Selon l’analyse IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) de l’insécurité alimentaire pour la période janvier-juin 2021, 16,2 millions de personnes souffriraient de la faim, dont quelque 5 millions qui seraient au bord de la famine et près de 50 000 qui vivraient déjà en situation de famine. D’après les estimations, il y aurait aujourd’hui au Yémen 20 millions de personnes qui n’auraient pas accès à une quantité suffisante de nourriture ou qui n’auraient pas les moyens de se la procurer, dont 3,2 millions d’enfants et de femmes souffrant de malnutrition aiguë.
· On estime en outre que 80% de la population yéménite – soit 24,1 millions de personnes sur une population de 30,5 millions d’habitants – a besoin d’une assistance humanitaire, dont plus de 14 millions de personnes qui se trouvent dans une situation d’extrême précarité.
Action du CICR dans le domaine de l’eau :
· Amélioration de l’accès à des services essentiels pour 5 millions de personnes grâce à la remise en état d’infrastructures d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’alimentation en électricité et à la fourniture d’équipements lourds, de générateurs, de pièces de rechange et autre matériel.
· Fourniture de 679 600 litres de carburant aux autorités locales chargées de l’eau et de l’assainissement pour assurer le fonctionnement des systèmes d’approvisionnement en eau à Hodeïda, Bajil, Al Marawi’ah, Al Qutai, Al Mansuriyah, Bayt Al Faqih, Zabid et Al Turaibah, dans le gouvernorat d’Hodeïda, et atténuer ainsi la perte de soutien liée à la baisse des financements de l’ONU.
· Soutien au Projet de travaux publics (Public Works Project) à travers la fourniture d’appareils WATA d’électro-chloration pour la production d’hypochlorite, qui ont été mis en service dans 76 projets d’eau ruraux et 13 centres de soins de santé primaires.
· Dans 15 lieux de détention visités par le CICR, 11 960 personnes privées de liberté ont bénéficié d’améliorations des infrastructures et des services de base , visant à les rendre conformes aux exigences minimales et à assurer des conditions de vie plus saines.
Financement des activités du CICR au Yémen :
· Le budget du CICR pour le Yémen s’élève cette année à 128 millions de francs suisses (118 millions d’euros/143 millions de dollars US) – le plus important de l’institution – ce qui témoigne de l’ampleur des besoins.
· Plus de 5 811 970 personnes ont bénéficié des services du CICR dans le domaine de la santé.
LISTE DES PLANS
Log-list
(Yemen- Amidst aid funding shortfall, millions are threatened by water and food shortages)
SHOTLIST
AV Production number 20210703-Yemen-Maurer visit
Location: Aden, Taiz, Saada, Haja, Mukalla, and Sanaá
Length:
Format: HD mp4
Cameraperson: Taha Saleh/Ali Alsonidar/Ahmed Waqas/Alaa askool
Producer: Wagdi Almaqtari/ICRC
Production languages: Arabic
ICRC ref: AV Production number 20210703
Filming date: Various
Copyright: ICRC access all
SCRIPT
00:00 Taiz, external shots of Ali – Destroyed buildings water tanking
01:17 Indoor shots inside Ali’s home
01:34 Soundbite: Ali Suliman displaced from Hodeida living in Taiz
We left Hodeida to come here (Taiz) There is war in both places, but at least there we had water system but not here. No Water No electricity, plus we are no longer housed for free.
01:54 We receive water twice a week a total of 2000 letters, some good people would come to distribute an additional water to help us cover water needs
02:13 I don’t work, there is no work. My family relies on charity to eat. Food baskets are our only way to satisfy basic food needs
02:22 But most organizations stopped food support, so we mostly rely on community solidarity to help each other
02:32 Where to work? When I go to find a gob, I am told that I’m too old and that they are looking for younger people.
02:40 We rely on rains to obtain cooking and cleaning water. If it doesn’t rain, we go door to door to get a gallon or two of salty water that we use for cleaning and cooking and maybe half a gallon of drinking water. When that is not possible, we have to go buy drinking water.
03:04 Our wish is that the war stops.
That we go back to our hometowns.
That life goes back to normal
These are our hopes
03:13 Sanaa, external shots for a waterpoint, kids and women waiting to fill their buckets
04:24 Soundbite: Om Yahia, (Housewife, Sanaa)
There is no clean water here or any functional water projects. To get drinking water we have to wait for hours outside until water trucks come
04:44 Soundbite: Mohammed (local man, Sanaa)
We have to walk 2 km to reach the tanking point then push the trolley back home or carried on the head. The situation is very hard
04:55 Soundbite: Om Ibrahim (Housewife, Sanaa)
We really need water here; the water truck is too expensive for us now.
We can’t afford to fill in our tanks every week or even every two weeks, we can only afford a monthly fill
05:06 Haja, outdoor shots for water points in Medi district in Haja, kids carring water buckets by donkeys
05:32 Destroyed water project in Alqes village, Haja
06:17 Hassan (a resident of Medi district of Haja Governorate )
Citizens living in the villages of the district Medi are suffering because war destructed all water projects.
06:17 Our children have to walk long distances daily to get water without proper transportation which forces many among them to stop their education.
06:35 They are also exposed to accidents because many must use donkeys to transport water. .
06:51 Because of that many children from the area are suffering from permanent disabilities.
08:01 (A housewife from Aden)
Life is so hard; it is indescribable
08:09 Sanaa cityscape and old Sanaa city
08:16 Different shots while cooking with fire outside duo to lack of cooking gas
08:36 (A housewife from Sanaa)
the war has affected us severely, and life become unbearable
Getting food becomes a luxury.
This is not a life!
08:47 We want to live in safety and security without war,
we would like to sleep without fear.
we don’t feel safe,
we are in a difficult situation.
09:02 Shots for houses near frontlines – Taiz
09:07 Preparing a meal with available ingredient
09:22 Indoors shots
09:31 A family meal gathering, (this food is from a charity)
10:06 A housewife from Taiz
We are displaced. We have got this destroyed house to live in it.
We used to eat well – fruit, chicken and so on,
but now we hardly get something to eat.
10:20 We live in a conflict area, and there are not enough water resources. We have to walk long distances to fetch some water. We cannot go out at any time but wait for the clashes to stop as we are caught on the frontlines where parties to the conflict continue to fire at each other.
We are living on a frontline area. No one knows about us and the situation we have been through.
10:45 I am divorced, with 7 children and my ex-husband kicked us out of the house. We didn't have a choice but to live in this destroyed house because we can't afford to rent.
10:57 Peter Maurer President of ICRC on Humanitarian situation un Yemen
No woman, child or man in Yemen has been untouched by the long duration of war.
We see enormous disruption of societies, people are killed directly by the war but they are suffering by the indirect impact of the war, from the destruction of health facilities, from the destruction of water and sanitation facilities and schools.
11:10 It’s important that the world does not forget about the plight of the population suffering from the war and violence.