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Somalie : les éleveurs menacés par les effets conjugués du changement climatique et du conflit

En Somalie, le conflit et les effets de plus en plus notables de la crise climatique obligent progressivement les éleveurs à abandonner leur mode de vie, s’inquiète le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

En Somalie, le conflit et les effets de plus en plus notables de la crise climatique obligent progressivement les éleveurs à abandonner leur mode de vie, s’inquiète le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

 L’instabilité du climat, les inondations et les sécheresses à répétition ont mis à mal les éleveurs nomades somaliens, dont la situation a encore été aggravée par le conflit, le Covid-19 et les récentes invasions de criquets.

 De nouvelles images saisissantes rapportées de ce pays d’Afrique de l’Est donnent à voir les conditions de vie extrêmement rudes qui sont les leurs. Ahmed Mohamud explique par exemple qu’il a perdu 50 dromadaires sur les 70 que comptait son cheptel, tandis que d’autres éleveurs ont perdu toutes leurs bêtes.

 « Il n’y a pas de nourriture, la terre est sèche », explique-t-il. « Ce pays est connu pour ses réfugiés. Si tu perds ton bétail, demande le statut de réfugié, c’est ce qu’on dit chez nous. Et c’est ce qu’ont fait beaucoup de gens après avoir perdu leurs bêtes. »

 Les troupeaux tendent à diminuer de plus en plus au fur et à mesure que la végétation, dont se nourrissent les animaux, se raréfie.

 Du fait de la multiplication des aléas climatiques tels que les sécheresses et les inondations, les éleveurs n’ont pas le temps de se remettre sur pied entre deux crises. L’instabilité engendrée par le conflit limite leur capacité d’adaptation en entravant leurs déplacements et la recherche de nouvelles zones de pâturage.

 « La dernière sécheresse, en 2021, a décimé mon troupeau », raconte Mohamed Hassan Gure, un autre éleveur. « Les bêtes n’avaient pas encore récupéré de la précédente sécheresse que d’autres épreuves nous attendaient. Comme les criquets, qui ont dévoré les pâturages. »

 « Privés de nourriture, les animaux ont fini par périr. Nous n’avions rien à leur donner, plus de réserves dans lesquelles puiser. À la fin, il ne nous restait plus que 50 bêtes, dont 30 ont été emportées par les pluies diluviennes. Aujourd’hui, nous n’en avons plus que 20. »

 « Notre sort est entre les mains de Dieu, mais nous avons peur que notre manière de vivre finisse par disparaître. Si les sécheresses continuent de se succéder et que de moins en moins d’animaux survivent, notre mode de vie n’existera bientôt plus », ajoute-t-il.

 Les crises liées au changement climatique sont de plus en plus fréquentes en Somalie. Plus de 30 phénomènes météorologiques extrêmes, notamment des inondations et des sécheresses, ont frappé le pays depuis 1990, soit trois fois plus qu’entre 1970 et 1990 (selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, l’OCHA). Dans ces conditions, les communautés peinent à se relever.

 Au regard de l’indice Notre Dame Global Adaptation Initiative (ND-Gain), qui évalue la vulnérabilité d’un pays face au changement climatique en fonction de sa capacité à renforcer sa résilience, la Somalie est l’un des pays les plus fragiles.

 Trois décennies de conflit ont affaibli les institutions et contraint quelque 2,9 millions de personnes au déplacement. La concurrence est rude pour accéder aux ressources naturelles qui tendent à se raréfier, ce qui peut aussi engendrer des tensions et de la violence.

 « La Somalie est une parfaite illustration des effets dévastateurs du tandem “changement climatique + conflit”, qui montre comment les deux phénomènes, en se conjuguant, viennent aggraver une situation humanitaire déjà catastrophique », explique Abdallah Togola, responsable du programme de sécurité économique déployé par le CICR en Somalie.

 « Les principaux phénomènes météorologiques extrêmes dus au réchauffement et aux changements climatiques sont les inondations, les sécheresses et les cyclones. Leur fréquence tend à augmenter, première chose, mais leur intensité, et donc leurs effets dévastateurs, aussi. »

 Le CICR est venu en aide à plus de 11 000 familles en situation de grande précarité suite à la sécheresse prolongée qu’a connue la Somalie cette année.

 Dans le cadre de cette assistance, des allocations en espèces d’un montant total de près de 900 000 francs suisses ont été octroyées à ces familles pour les aider à atténuer la dureté de leurs conditions de vie et à faire face à la perte de leurs moyens de subsistance.

 Note à l’intention des rédactions – Sont disponibles pour des interviews :

Abdallah Togola, coordonnateur des programmes de sécurité économique du CICR basé à Nairobi, au Kenya (anglais et français)

Abdirahman Mohamed Abdullahi, chargé de communication du CICR basé à Garowe, en Somalie (anglais)

 Créé en 1863, le CICR mène des activités à travers le monde pour aider les personnes touchées par les conflits et autres situations de violence et promouvoir les règles de droit qui protègent les victimes de la guerre. Organisation neutre, indépendante et impartiale, il tient son mandat des Conventions de Genève de 1949.

 En Somalie, le CICR s’emploie à aider les communautés touchées par le conflit et les catastrophes naturelles, avec le concours du Croissant-Rouge de Somalie. Pour en savoir plus, cliquez ici.

 Informations complémentaires :

 Abdikarim Mohamed, Nairobi, +254 770 171 756, mabdikarim@icrc.org 

Alyona Synenko, Nairobi, +254 716 987 265, asynenko@icrc.org 

LISTE DES PLANS

Lieu : région de Mudug, en Somalie

Durée : 8:52

Réalisation : Anisa Hussein Dahir

Montage : Abdikarim Mohamed

Date du tournage : 19 et 20 juillet 2021

Copyright : CICR, images libres de droits

Crédité à l’écran : CICR ou logo

 00:00:00:00 – 00:00:07:08 Vue aérienne d’une carcasse d’animal

00:00:07:08 – 00:00:12:08 Gros plan sur la carcasse

00:00:12:08 – 00:00:37:25 Plan d’éleveurs puisant de l’eau pour leurs dromadaires, à Tula Qorah

00:00:37:25 – 00:00:59:19 INTERVIEW : Ahmed Mohamud, éleveur

« Nous avons perdu 50 dromadaires. Au départ, nous en avions 70. Cinquante sont morts et il n’en reste plus que 20 ! Certains éleveurs n’ont plus une seule bête. Ils ont perdu tout leur cheptel. C’est comme ça ici, on peine à survivre. »

00:00:59:19 – 00:01:21:11 Plan du campement de Mohamed Hassan Gure, à Tula Qorah

00:01:21:11 – 00:01:32:29 Succession de plans, sous différents angles, du campement de Mohamed Hassan Gure, à Tula Qorah

00:01:32:29 – 00:01:40:12 Plan large du campement de Mohamed Hassan Gure

00:01:40:12 – 00:01:47:13 Gros plan sur une marmite accrochée à un arbuste épineux

00:01:47:13 – 00:02:17:28 INTERVIEW : Mohamed Hassan Gure, éleveur

« La dernière sécheresse, en 2021, a décimé mon troupeau. Les bêtes n’avaient pas encore récupéré de la précédente que d’autres épreuves nous attendaient. Comme les criquets, qui ont dévoré les pâturages. Privés de nourriture, les animaux ont fini par périr. Nous n’avions rien à leur donner, plus de réserves dans lesquelles puiser. À la fin, il ne nous restait plus que 50 bêtes, dont 30 ont été emportées par les pluies diluviennes. Aujourd’hui, nous n’en avons plus que 20. »

00:02:17:28 – 00:02:33:26 Chèvres broutant autour du campement de Mohamed Hassan Gure

00:02:33:26 – 00:02:38:13 Mohamed Hassan avec ses chevreaux dans leur enclos (constitué d’arbustes épineux)

00:02:38:13 – 00:02:47:13 Mohamed Hassan près de son campement avec ses chèvres

00:02:47:13 – 00:03:16:14 INTERVIEW : Ahmed Mohamud, éleveur

« Les sécheresses se succèdent les unes après les autres, ne nous laissant aucun répit, et parfois… Quand on reste au même endroit une année, l’année suivante on doit se priver. En pleine saison sèche, on doit se priver. On donne la nourriture aux animaux quand la situation s’aggrave. On met la nourriture à leurs pieds pour qu’ils mangent. On demande aux gens de nous en donner. On prépare à manger pour nos bêtes. Mais il n’y a plus de nourriture. La terre est sèche. »

00:03:16:14 – 00:04:51:01 INTERVIEW : Abdallah Togola, responsable du programme de sécurité économique, CICR, Somalie

« La Somalie est une parfaite illustration des effets dévastateurs du tandem “changement climatique + conflit”, qui montre comment les deux phénomènes, en se conjuguant, viennent aggraver une situation humanitaire déjà catastrophique. N’oublions pas que la Somalie est en proie à une guerre civile depuis 30 ans, voire plus. Ce conflit a contraint au déplacement des milliers, des centaines de milliers de gens. N’oublions pas non plus que la Somalie est un pays d’Afrique de l’Est, dans la Corne de l’Afrique, où, comme on le sait, le réchauffement climatique progresse 2,5 fois plus vite que dans le reste du monde. D’où la multiplication de phénomènes météorologiques extrêmes tels que les sécheresses, les inondations et les cyclones. La fréquence de ces phénomènes dus au réchauffement et aux changements climatiques augmente en Somalie, première chose, mais leur intensité, et donc leurs effets dévastateurs, aussi. »

00:04:51:01 – 00:05:11:23 Plan panoramique d’un bassin de collecte des eaux pluviales (berkad) puis d’un groupe d’éleveurs donnant de l’eau à leurs dromadaires à Tula Qorah

00:05:11:23 – 00:05:25:00 Plans de dromadaires en train de s’abreuver

00:05:25:00 – 00:05:37:15 Dromadaires se disputant l’accès à l’eau

00:05:37:15 – 00:05:52:04 INTERVIEW : Mohamed Hassan Gure, éleveur

« Les communautés rurales ont toujours été dépendantes des animaux. Si elles perdent leurs bêtes, elles n’ont plus de ressources. Un éleveur qui perd ses bêtes est un homme mort. On ne peut pas survivre sans nos animaux. Pas plus lui que moi. »

00:05:52:04 – 00:06:15:25 INTERVIEW : Ahmed Mohamud, éleveur

« Je connais un éleveur qui avait beaucoup d’animaux, de différentes espèces, et qui aujourd’hui passe ses journées assis, à se demander ce qu’il pourrait faire d’autre. Ce pays est connu pour ses réfugiés. Si tu perds ton bétail, demande le statut de réfugié, c’est ce qu’on dit chez nous. Et c’est ce qu’ont fait beaucoup de gens après avoir perdu leurs bêtes. »

00:06:15:25 – 00:06:28:21 Mohamed Hassan Gure arpentant les champs autour de son campement

00:06:28:21 – 00:06:38:10 Mohamed Hassan veillant sur ses chèvres en train de paître, à Tula Qorah

00:06:38:10 – 00:06:57:14 INTERVIEW : Mohamed Hassan Gure, éleveur

« Notre sort est entre les mains de Dieu, mais nous nous demandons si notre manière de vivre n’est pas en voie de disparition. Si les sécheresses continuent de se succéder et que de moins en moins d’animaux survivent, notre mode de vie n’existera bientôt plus, j’en ai bien peur. »

00:06:57:14 – 00:07:03:06 Plan de chèvres en train de brouter

00:07:03:06 – 00:07:08:27 Plan d’un champ sec et rocailleux à Tula Qorah

00:07:08:27 – 00:08:51:26 INTERVIEW : Abdallah Togola, responsable du programme de sécurité économique, CICR, Somalie

« Cette année a été particulièrement difficile du fait des événements exceptionnels qui ont marqué l’année 2020. La pandémie de Covid-19 a eu pour conséquence d’aggraver les effets conjugués du conflit et du changement climatique. Lorsque le nouveau coronavirus est apparu, la première mesure de restriction a consisté à fermer les frontières. Or la Somalie dépend largement des importations pour s’approvisionner en marchandises, et elle exporte aussi. »

B-Roll
Somalia herders AV News cut 2
Duration : 8m 52s
Size : 995.6 MB

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