Nigéria: la flambée des prix frappe de plein fouet les 2 millions de personnes déplacées
Les personnes qui ont fui leur foyer et perdu leurs moyens de subsistance à cause du conflit dans le nord-est du Nigéria peinent à acheter de quoi se nourrir dans un contexte d’inflation galopante. Selon le Bureau national de la statistique, le taux d’inflation a atteint en mars dernier son plus haut niveau depuis quatre ans (18%). Les personnes déplacées par le conflit comptent parmi les plus vulnérables et sont touchées de façon disproportionnée par les fluctuations de prix.
« Avant, les prix des produits étaient raisonnables, mais depuis qu’ils ont augmenté, tout est devenu tellement cher ! Et comme je vends mes marchandises dans le camp, je dois adapter mes prix à la situation de mes clients, qui sont des personnes déplacées », explique Ali Kolomi, qui tient une épicerie dans un des camps de déplacés de Maiduguri, la capitale de l’État de Borno. Ali Kolomi a lui aussi dû quitter sa maison avec les huit autres membres de sa famille.
Le conflit armé, qui dure depuis plus de dix ans, a fait plus de deux millions de déplacés dans le nord-est du Nigéria et provoqué l’une des crises humanitaires les plus complexes au monde. En fuyant de chez elles, ces personnes ont aussi perdu leurs moyens de subsistance et beaucoup d’entre elles ont désormais du mal à subvenir à leurs besoins essentiels.
« Au-delà de la sécurité physique, il est de plus en plus difficile pour les gens d’accéder au minimum vital. Tout est devenu une lutte : chercher du travail, prendre soin de sa famille et même trouver de quoi manger », témoigne Sarrah El-Moumouhi, cheffe adjointe de la sous‑délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Maiduguri.
D’après les statistiques officielles, 40% de la population du Nigéria, soit près de 83 millions de personnes, vit en dessous du seuil de pauvreté fixé dans ce pays à 137 430 naira (382 dollars US) par an. Le CICR apporte un soutien micro-économique aux personnes vulnérables qui ont perdu leur revenu en raison du conflit armé en cours, afin de les aider à monter de petits commerces. Elles ont toutefois été frappées de plein fouet par la forte inflation de l’année écoulée, et un nombre croissant d’entre elles peinent à maintenir leur entreprise à flot.
Aïcha Umar, une veuve de l’État de Borno, vit depuis sept ans dans le camp de Bakassi à Maiduguri après une attaque qui l’a forcée à prendre la fuite avec ses huit enfants. Elle a reçu une subvention micro-économique du CICR en 2019. Aïcha vendait de la glace jusqu’à la pénurie d’électricité que connaît la ville depuis six mois et qui a fait augmenter les prix de ce produit. La glace étant devenue trop chère pour elle, elle a dû trouver une autre source de revenu, tout comme de nombreuses autres personnes qui dépendaient de l’électricité pour leurs activités commerciales.
« À présent, j’achète du petit bétail pour continuer d’investir et économiser l’argent qui me reste », raconte Aïcha Umar. « Si j’achète des béliers à 30 000 (75 dollars) ou 40 000 naira (100 dollars), je peux les revendre pour 60 000 (145 dollars) ou 70 000 naira (170 dollars). Puis je déduis le coût du fourrage et j’utilise le solde pour payer les frais de scolarité de mes enfants. »
En 2020, plus de 16 000 personnes ont reçu des fonds à investir dans le cadre du programme micro-économique du CICR, et 173 autres ont bénéficié de subventions pour créer leur entreprise grâce au partenariat conclu entre le CICR et la Fondation Tony Elumelu.
Note à l’intention des rédactions
Disponible pour interview :
Sarrah El-Moumouhi, cheffe adjointe de la sous-délégation du CICR à Maiduguri (Nigéria)
Informations complémentaires :
Alyona Synenko, Nairobi, +254 716 987 265, asynenko@icrc.org
Fondé en 1863, le CICR mène des opérations dans le monde entier pour porter assistance aux personnes touchées par les conflits armés et la violence et promouvoir les lois qui protègent les victimes de la guerre. Le mandat de cette organisation neutre, indépendante et impartiale découle des Conventions de Genève de 1949.
LISTE DES PLANS
Lieu : Maiduguri, Nigéria
Durée : 6:01
Format : mp4
Cadrage : Kolawale Adewale
Droit d’auteur : CICR – libre de droits
Crédité à l’écran : CICR ou logo
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Différentes prises de vue de la ville
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Interview : Aïcha Umar – marchande de bétail, camp de déplacés de Bakassi, Maiduguri
« En ce moment, si j’achète des béliers à 30 000 ou 40 000 naira, je peux les revendre pour 60 000 ou 70 000 naira. Je déduis le coût du fourrage et j’utilise le solde pour payer l’école des enfants. J’achète du petit bétail pour continuer d’investir et économiser l’argent qui me reste. »
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« C’est cette activité qui me permet d’envoyer mes enfants à l’école. Je n’ai pas de famille et personne ne m’a jamais rien donné, même pas un pagne. Mon frère cadet était le seul qui nous aidait, mais il n’est plus avec nous. »
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« La vie c’est comme ça : je ne reçois aucune aide, les enfants dépendent entièrement de mon revenu, qui n’est que de 200 000 naira. L’argent commence à manquer depuis que je dois payer les factures, les frais de scolarité et de santé, les vêtements... Une de mes filles est tombée malade et j’ai dû dépenser 50 000 naira rien que pour la soigner. »
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Divers plans d’Aïcha Umar nourrissant son bétail (moutons et poules)
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Plan large du marché
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Plan de l’étal d’Ali Kolomi au marché
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Plan d’Ali Kolomi assis à son étal
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Plan de sacs de céréales
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Divers plans d’Ali Kolomi travaillant à son étal
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Interview : Ali Kolomi – marchand de céréales, camp de déplacés de Bakassi, Maiduguri
« Au début, je faisais de bonnes affaires car j’achetais les céréales bon marché. Mais maintenant, le prix des produits a grimpé et tout est devenu cher. »
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« Les gens ont épuisé le peu d’argent qui leur restait. Je suis obligé de faire passer leurs besoins avant les miens. Plus personne n’a d’argent et le prix de toutes les marchandises a augmenté. »
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« Avant, j’achetais du maïs à crédit au marché et je remboursais après l’avoir revendu. »
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« Les prix des produits étaient raisonnables avant, mais depuis qu’ils ont augmenté, nous devons tout payer au prix fort. Et comme nous vendons dans le camp, nous devons adapter nos prix à la situation de nos clients, qui sont des personnes déplacées. »
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« Quand on va au marché, on se rend compte à quel point les prix ont augmenté. Un article qui coûtait auparavant 500 naira se vend maintenant 600 naira. »
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Interview : Sarrah El-Moumouhi – cheffe adjointe de la sous-délégation du CICR à Maiduguri
« Cela fait plus de dix ans que le nord-est du Nigéria est en proie à l’insécurité et aux conflits permanents. Une situation qui a de lourdes conséquences pour la population, les familles et les communautés. »
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« Mais au-delà de la sécurité physique, il est de plus en plus difficile pour les gens d’accéder au minimum vital. Tout est devenu une lutte : chercher du travail, prendre soin de sa famille et même trouver de quoi manger. »
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« Les groupes les plus vulnérables souffrent encore davantage. Il s’agit notamment des enfants, des femmes et des personnes ayant des besoins particuliers. »
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« Dans toute la région du nord-est, dans des endroits comme Maiduguri, Monguno, Bama ou encore Gwoza, les familles disent avoir de la difficulté à accéder aux services essentiels comme les soins de santé de base et l’éducation. »
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« Certaines personnes n’ont plus accès à leurs terres ou n’ont plus la capacité ou les ressources nécessaires pour les cultiver. D’autres ont perdu l’accès aux marchés et aux zones commerciales. »
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« Aujourd’hui, la stratégie du CICR est de poursuivre ses échanges et son dialogue avec les communautés, les autorités, mais aussi les autres acteurs humanitaires sur le terrain, pour trouver des solutions durables afin d’aider les communautés à regagner leur dignité en rétablissant leurs moyens de subsistance. »
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Divers plans de Sarrah El-Moumouhi travaillant dans son bureau