Burkina Faso : Une crise alimentaire aggravée par le conflit
La région du Sahel est frappée par la pire période de sécheresse depuis plus de dix ans, plongeant plus de 10,5 millions de personnes dans la malnutrition. Pour le Burkina Faso, la situation est particulièrement préoccupante, alors que le pays subit les conséquences du conflit qui aggravent la crise alimentaire en cours.
La violence a entraîné le déplacement interne de plus de 1,8 million de personnes, soit près de 10 % de la population du pays, un chiffre qui augmente chaque jour.
"Nous sommes venus ici parce que nous avons été forcés de fuir notre village. C’est une personne de bonne volonté qui me permet d’exploiter ce lopin de terre. Mais par manque de pluie, les récoltes sont mauvaises. Nos champs au village sont plus fertiles que ceux d’ici. Il y a des poches de sécheresse ici. Les pluies ne vont pas jusqu’à terme.".
Larba Mathieu Yougbare a été forcé de fuir sa maison et est maintenant déplacé à l'intérieur du pays à Fada N'gourma avec sa famille. Les cultures qu'il avait l'habitude de planter chez lui ne peuvent pas survivre dans l'environnement sec dans lequel il se trouve maintenant et il est à peine capable de produire assez de nourriture pour sa famille. Avec l'arrivée de la saison de soudure et l'épuisement des stocks de nourriture, la situation risque de se détériorer.
Comme 80 % de la population dépendent de l'agriculture pour leur subsistance, les personnes déplacées deviennent immédiatement plus vulnérables, et dépendent de l'aide pour survivre.
15% de la population, sont actuellement en situation d'insécurité alimentaire dans le pays. Les femmes enceintes et les nouveaux-nés sont particulièrement vulnérables. Actuellement, 1 enfant sur 10 au Burkina Faso est confronté à la malnutrition. L'aggravation des crises pousse le système de santé au bord du gouffre. Harouna Sawadgo, infirmière en chef au CSPS de Fada, a vu la situation évoluer alors que des milliers de personnes déplacées s'installent dans la ville en quête de sécurité.
"Pour parler de la situation des malnutris, il faut dire que nous avons un taux très très élevé.
Il était attendu 221 cas de malnutrits au sein de notre formation sanitaire pour toute l’année.
Aujourd’hui en l’espace de trois mois, nous avons déjà atteint 211 cas de malnutris.
Combinée aux effets négatifs du changement climatique, la réalité sur le terrain est une crise humanitaire qui s'auto-alimente
Le CICR, en collaboration avec le mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, répond à cette crise et a intensifié son action dans dix pays d'Afrique afin de venir en aide aux personnes les plus vulnérables. Au Burkina Faso, en collaboration avec la Croix-Rouge Burkinabè, l'organisation procède à des distributions d'urgence de nourriture et d'eau, fournit de l'argent et un soutien aux services de base, et vise à rétablir les moyens de subsistance des communautés d'accueil et des personnes déplacées.
Pour Nilla Ouarme, déplacée interne à Ouahigouya, l'assistance du CICR est arrivée juste à temps.
" Nous avons fui notre village sans rien prendre. Nous n’avons pu prendre ni chaussures, ni chapeau, rien du tout. Nous sommes dans une insécurité alimentaire. Il n’y a vraiment pas à manger. Dieu aidant, l’accompagnement du CICR est venu. Après avoir reçu l’argent, premièrement nous allons acheter des vivres. C’est la nourriture qui maintient l’être humain.
Après la nourriture on verra.
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Entrée de la ville de Fada N’Gourma et circulation en ville (3 plans)
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Cour familiale de Larba Mathieu Yougbare et de sa femme, déplacés interne installés à Fada (2 plans)
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Larba Mathieu Yougbare à vélo, la daba à l’épaule (3 plans)
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Larba Mathieu Yougbare marche dans son champ puis s’arrête pour le regarder (4 plans)
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Vue du champ de Larba Mathieu Youngbare (2 plans)
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Larba Mathieu Youngbare en train de désherber (2 plans)
00:01:20 --> 00:02:04 Soundbite de Larba Mathieu Yougbare, cultivateur et déplacé interne
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Nous sommes venus ici parce que nous avons été forcés de fuir notre village
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C’est une personne de bonne volonté qui me permet d’exploiter ce lopin de terre.
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Mais par manque de pluie, les récoltes sont mauvaises.
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Nos champs au village sont plus fertiles que ceux d’ici.
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Il y a des poches de sécheresse ici. Les pluies ne vont pas jusqu’à terme.
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Le sorgho que j’ai semé n’a pas résisté et j’étais obligé de semer du niébé à la place, sans succès.
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Nous moissonnions mieux quand nous étions dans notre village.
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Cela est dû à la fertilité des sols.
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Depuis que je suis ici ça ne vaut rien.
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Le niébé récolté ne dépasse pas 15 kg. Même chose pour le sorgho.
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Vous pourrez voir le sorgho à la maison.
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C’est toujours les épis que j’ai mis dans des sacs.
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Le cultivateur porte un sac d'épis de sorgho (mil) de sa production et le dépose dans la cour (3 plans)
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La femme de Larba Mathieu Youngbare prépare le repas familiale, le tô à base du sorgho (2 plans)
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La femme de Larba Mathieu Youngbare sert le repas à toute la famille qui commencent à manger (4 plans)
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Vue extérieur du CSPS de Fada secteur 11 (2 plans)
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Des femmes avec leurs bébés entrent au dispensaire pour des consultations
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Pesée des enfants en présence de leurs mères et des infirmières (3 plans)
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De nombreuses femmes et leurs bébés attendent leur tour pour la consultation
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Mesure du tour de bras d'un bébé (2 plans)
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Un enfant dans les bras de sa maman mange du complément alimentaire
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Harouna Sawadogo, Infirmier Chef de Poste entre dans le CSPS secteur 11 de Fada
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Harouna Sawadogo en train d'écrire (2 plans)
00:04:05 --> 00:05:00 Soundbite Harouna Sawadogo, Infirmier Chef de Poste du CSPS/ secteur 11 de Fada
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Pour parler de la situation des malnutris, il faut dire que nous avons un taux très très élevé.
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Il était attendu 221 cas de malnutris au sein de notre formation sanitaire pour toute l’année.
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Aujourd’hui en l’espace de trois mois, nous avons déjà atteint 211 cas de malnutris.
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Cette situation s’explique par deux faits.
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Il faut dire qu’il y a la question sécuritaire qui fait que les populations des villages se sont ruées vers la ville. II y a une concentration ici.
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Il y a le problème d’hygiène qui se pose et également beaucoup qui sont des agriculteurs n’ont pas pu produire.
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L’un dans l’autre, tout cela a joué négativement dans la prise en charge correcte des enfants.
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Nilla Ouarme se rend au site d’inscription des bénéficiaires du cash transfer du CICR dans le centre-ville de Ouahigouya
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Nilla Ouarme fait la file au site d’inscription des bénéficiaires du cash transfer du CICR (2 plans)
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Nilla Ouarme reçoit la carte qui lui donne accès à l'argent
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Nilla Ouarme dans le rang prêt à entrer prendre son argent
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Nilla Ouarme présente sa carte et reçoit de l’argent (4 plans)
00:05:46 --> 00:06:21 Soundbite Nilla Ouarme, déplacé interne bénéficiaire du programme de cash transfer du CICR
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L’histoire de notre présence à Ouahigouya est liée à l’irruption des groupes armés.
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Nous avons fui notre village sans rien prendre.
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Nous n’avons pu prendre ni chaussures, ni chapeau, rien du tout.
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Nous sommes dans une insécurité alimentaire.
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Il n’y a vraiment pas à manger.
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Dieu aidant, l’accompagnement du CICR est venu.
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Après avoir reçu l’argent, premièrement nous allons acheter des vivres.
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C’est la nourriture qui maintient l’être humain.
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Après la nourriture on verra.
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Nilla Ouarme se rend au marché de céréales pour acheter du maïs. (2 plans)
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Nilla Ouarme achète du maïs (4 plans)
00:06:52 --> 00:07:10 Soundbite Nilla Ouarme, déplacé interne bénéficiaire du programme de cash transfer du CICR
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Je suis venu pour acheter des vivres. Mais quand il m’a parlé des prix, j’ai trouvé ça cher.
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J’ai demandé le prix du sac de maïs mais il coûte 29 000 F CFA.
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Vu son prix, j’ai préféré en acheter un peu en attendant.
00:07:10 --> 00:08:08 Soundbite Patrick Youssef, Directeur régional pour l'Afrique, CICR
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Les pays les plus touchés sont des pays qui sont en conflit armé et qui vivent parfois ou d’une manière cyclique des aléas climatiques comme nous l’avons vu au Burkina Faso, au Mali avec des inondations ou des sécheresses comme dans la Corne de l’Afrique.
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Le vrai problème aujourd'hui, c'est une série de défaillances d'autres systèmes qui ont malheureusement abouti à une crise alimentaire : comme par exemple, aucune action ou très peu d’action sur l’adaptation au changement climatique, donc des financements climatiques qui malheureusement n’arrivent pas aux endroits qui doivent faire face comme en Somalie, ou au Mali ou dans les pays du Sahel à des aléas climatiques, à de la sécheresse, à l’avancée du désert et qui malheureusement ne trouvent aucune solution.
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Dans des contextes de conflit armé, dans des contextes touchés par de crises de violence cycliques, nous voyons également un manque d’investissement dans les services de base : les services d’eau et d’assainissement, la protection des populations.
Halimatou Amadou, ICRC Dakar, tel: +221 78 186 46 87
Tarek Wheibi, ICRC Niamey, tel: +227 828 112 71