Cameroun : les personnes déplacées en raison du conflit sont exposées aux effets dévastateurs des chocs climatiques
Les personnes touchées par le conflit armé au Cameroun sont fortement exposées aux conséquences des inondations dévastatrices qui frappent le pays depuis plusieurs semaines. Privées de débouchés économiques, nombre d’entre elles peinent déjà à pourvoir à leurs besoins, et les inondations récurrentes, toujours plus graves et fréquentes, font peser un poids supplémentaire sur les familles vulnérables.
Les inondations entravent lourdement la récolte de gombo, l’un des rares emplois saisonniers disponibles dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. « Avant de couper le gombo, nous enroulons du tissu autour de nos mains pour éviter les blessures. C’est ainsi qu’on récolte le gombo », explique Sawaga, une habitante du village de Tildé, dans la région de Kousséri, dans l’Extrême-Nord. « Effectivement nous souffrons. Nous menons tous nos activités dans l’eau jusqu’à ce que nos pieds soient gonflés et nos ongles cassés. »
La famille de Sawaga a perdu sa maison et ses moyens de subsistance lorsqu’elle a été déplacée à cause du conflit, il y a sept ans. Cette année, elle doit affronter une nouvelle catastrophe sous forme d’inondations. « Les maisons s’écroulent, me voici, je me retrouve avec mes deux filles qui ont perdu leurs maisons », ajoute-t-elle.
Depuis 2014, des réfugiés fuyant le conflit armé qui ravage le nord-est du Nigéria affluent vers le Cameroun. Or la région de l’Extrême-Nord du Cameroun est elle aussi en proie à un conflit armé, en plus d’être marquée par l’insécurité, un accès précaire aux services essentiels et des aléas climatiques – autant de fléaux qui ont contraint des milliers de personnes à quitter leur domicile et perturbé la production agricole et les moyens de subsistance locaux. Cette région compte environ 350 000 personnes déplacées.
« Jusqu’à présent on a peur de retourner à notre village car notre cœur n’est pas tranquille », confie Ambdoulaye Issa, qui a trouvé refuge dans le village de Tildé. « Nous sommes arrivés ici sans rien d’autre que nos habits sur le dos. »
Pendant la période de soudure de cette année, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a intensifié les activités d’assistance qu’il mène en faveur des centres de nutrition mobiles et il est venu en aide à plus de 2300 familles. En coopération avec la Croix-Rouge camerounaise, il s’emploie également à améliorer l’accès à l’eau potable et aux soins de santé. Il distribue des aides en espèces aux familles vulnérables et contribue à accroître la production agricole et à vacciner le bétail.
SHOTLIST
Durée : 06:23
Lieu : village de Tildé, Kousseri, Cameroun
Date de tournage : 02.11.2022
Cadrage : Birom Speck
Droit d’auteur : CICR – libre de droits
Crédité à l’écran : CICR ou logo
00:00:00,000 --> 00:00:20,519
Abaganama Adoum, sur une pirogue, ramant au-dessus de son champ de maïs envahi par les eaux (3 plans)
00:00:20,519 --> 00:00:25,719
Abaganama Adoum, sur une pirogue, tenant un épi de maïs
Soundbite Agabanama Adoum, ancien éleveur devenu agriculteur et déplacé interne :
00:00:25,719 --> 00:00:31,000
"Nous sommes venus ici à cause des attaques fréquentes de groupes armés. Nous avons fui la frontière pour venir ici, à Tildé.
00:00:31,000 --> 00:00:44,079
Nous sommes allés voir le chef du village. C’est lui qui nous a prêté gratuitement les terres sur lesquelles on peut cultiver.
00:00:44,079 --> 00:00:54,159
C’est difficile pour un éleveur de ne pas avoir la moindre vache. Surtout quand on ne sait pas pêcher. C'est très dur.
00:00:54,159 --> 00:01:04,799
A cette période de l'année, impossible de cultiver. Les inondations ont détruit tous nos champs. On se nourrit de ce que trouvent les pêcheurs en attendant mieux.
00:01:04,799 --> 00:01:15,439
On fait les échanges ce qu'on a entre nous, pêcheurs et agriculteurs. Ils donnent le peu qu'ils ont, on donne le peu qu'on a."
00:01:15,439 --> 00:01:37,760
Abaganama Adoum inspectant le peu de terre qui a survécu aux inondations, à la recherche de maïs à ramener à ses enfants (5 plans)
00:01:37,760 --> 00:01:50,359
Village de Tildé inondé par les eaux (3 plans)
00:01:50,359 --> 00:02:03,599
Modou venant constater les dégâts causés par les dernières pluies (3 plans)
Soundbite Modou, fils du Chef de village :
00:02:03,599 --> 00:02:13,120
"C'est Tildé qui a donné cette partie aux déplacés pour qu'ils viennent s'installer ici depuis 2016.
00:02:13,120 --> 00:02:20,439
Et les enfants vont à l'école là-bas."
00:02:20,439 --> 00:02:55,039
École élémentaire de Tildé où des enfants de déplacés peuvent apprendre à lire et à écrire (5 plans)
00:02:55,039 --> 00:03:08,680
Abaganama Adoum venant chercher ses plus jeunes enfants à la sortie de l'école
00:03:08,680 --> 00:03:24,800
Abaganama Adoum retrouvant Modou et constatant avec lui les dégâts causés par les dernières pluies (4 plans)
00:03:24,800 --> 00:03:31,599
Abdoulaye Issa et deux hommes priant
Soundbite Abdoulaye Issa, guide spirituel de la communauté et déplacé interne :
00:03:31,599 --> 00:04:01,520
"Jusqu’à présent on a peur de retourner à notre village car notre cœur n’est pas tranquille. De ce fait nous ne pouvons pas y retourner. C’est mieux que nous restions ici avec la communauté de Tildé."
00:04:01,520 --> 00:04:13,840
Sawaga Idrissa se protégeant les mains avec du tissus (3 plans)
00:04:13,840 --> 00:04:33,360
Sawaga Idrissa récoltant du gombo (4 plans)
Soundbite Sawaga Idrissa, déplacée interne :
00:04:33,360 --> 00:04:43,319
"Je récolte le gombo avec mes propres mains ensuite je le mets dans un sac puis je le transporte à la maison pour le séchage.
00:04:43,319 --> 00:04:53,040
Parfois, s’il n’y a pas d’argent nous faisons des échanges. Il me donne du mil et je lui donne du gombo.
00:04:53,040 --> 00:05:26,480
Effectivement nous souffrons. Nous menons tous nos activités dans l’eau jusqu’à ce que nos pieds soient gonflés et nos ongles cassés. Les maisons s’écroulent, me voici, je me retrouve avec mes deux filles qui ont perdu leurs maisons."
00:05:26,480 --> 00:05:40,639
Des femmes rentrant de leur cueillette de combo sauvage (3 plans)
00:05:40,639 --> 00:06:03,120
Sawaga Idrissa étalant le gombo récolté sur le sol pour le sécher au soleil (4 plans)
00:06:03,120 --> 00:06:06,720
Enfants devant le gombo qui sèche au soleil.
Soundbite Moussa Ouattara, Chef de sous-délégation du CICR à Kousseri :
00:06:06,720 --> 00:06:20,399
"Après la saison des pluies, c'est la montée des eaux qui ne permettent pas lorsqu'il y a une grande, une forte précipitation aux populations de pouvoir semer et avoir de quoi manger.
00:06:20,399 --> 00:06:23,040
Ça, c'est l'impact du changement climatique."
Fin
Informations complémentaires :
Alyona Synenko (anglais/français/espagnol/russe), CICR Nairobi, +254 716 987 265, asynenko@icrc.org