République Central Africaine: Crise Négligée
La crise en République centrafricaine affecte des centaines de milliers de personnes dans le pays. La population est désespérée, la violence armée perdure et les pillages sont fréquents. En dépit de la gravité des problèmes en République centrafricaine, cette crise a été largement négligée par la communauté internationale et les médias.
Des villages ont été entièrement détruits, obligeant les gens à fuir. Mère de quatre enfants, Nicole Ngou-Ngou, a fui son village en flammes dans le centre du pays. « Les vêtements des enfants, les lits, les assiettes, les chaussures - tout a brûlé. Ils (ses enfants) n'ont plus que les chaussures que vous leur voyez aux pieds.»
Depuis qu'il a fui, Etienne Dabé dort dans la brousse, dans un abri de fortune qu'il a construit pour ses 12 enfants. « Nous ne mangeons pas bien, des bestioles nous piquent, nous sommes malades », explique Dabé. « J'ai subi une intervention chirurgicale et depuis que j'ai été obligé de fuir dans la brousse, j'ai mal au ventre. »
Comme Dabé, des centaines de milliers de personnes en République centrafricaine n'ont pas accès aux soins de santé. Dans les villages de Nana-Outa, Mbrès et Ouandango, les combats entre différents groupes ont totalement détruit les structures médicales du village. De nombreux médecins et infirmières ont fui.
Le centre médical de Mbrés a été saccagé en février. La sage-femme Emilie Gbako est l'une des deux infirmières à être revenue- les trois autres sages-femmes sont toujours cachées dans la brousse. Gbako affirme que la plupart des médicaments ont été volés. « Dans cette armoire, nous avions un peu de tout ce que nous avions besoin - même des bottes pour travailler », dit Gbako. « Maintenant, les femmes accouchent dans la brousse et beaucoup de bébés meurent. »
L’hôpital de Kaga Bandoro a connu un destin semblable. Le délégué santé du CICR Géo Balmore, explique : « Avant, l'hôpital fonctionnait bien, il y avait des chirurgiens et une équipe médicale en place. Mais depuis la crise, tout a été saccagé et pillé.»
Comme l'hôpital de Kaga Bandoro ne fonctionne pas, Balmore prépare un patient blessé par balles pour son évacuation médicale vers la capitale. « N'ayant ni chirurgien ni matériel, nous ne pouvons pas le garder ici avec des balles dans sa poitrine », déclare Balmore. Depuis janvier, le CICR a permis à 50 patients de se rendre dans des structures médicales à Bangui.
L'insécurité récurrente fait que beaucoup de personnes n'ont pas assez à manger. Le prix des denrées alimentaires a augmenté et les réserves alimentaires sont épuisées. À l’approche de la saison des pluies, le CICR achemine des secours d'urgence, des semences et des outils si indispensables. L'objectif est de s'assurer que les habitants ont assez à manger et peuvent produire suffisamment pour manger jusqu'à la prochaine saison de croissance.
Madeleine Keke est mère de 8 enfants, elle souhaite commencer à planter avant l'arrivée de la pluie : « Les semences vont aider ma famille. Si tu manges tes semences, tu te suicides, il faut les garder et les planter...».
La Croix-Rouge aide aussi les familles à construire un nouveau village pour les personnes qui vivent dans des huttes rudimentaires depuis 2012. Stefan Bigler, chef de la sous-délégation du CICR à Kaga Bandoro, explique : « Les résidents fabriquent eux-mêmes les briques et apportent d'autres matériaux de construction. Le CICR les aide en amenant des matériaux non disponibles localement comme le bambou et de paille.».
À ce jour, 50 maisons ont été construites et 90 autres maisons le seront à l'avenir. Maïgo Maketa, mère de 5 enfants, explique que son ancienne maison était régulièrement inondée lorsqu'il pleuvait et que les termites détruisaient leurs lits. Leur maison dans le village nouvellement construit améliorera leur vie. Maketa dit : « Maintenant, nous avons une vraie maison sans termites et asticots.»
Faits et chiffres
- Depuis la fin mai, deux cliniques mobiles du CICR ont dispensé des soins de santé de base aux personnes vivant dans les villages reculés de Nana Gribizi (Mbrès, Dissoukou, Ouandago). À ce jour, plus de 1 300 patients ont été vus. La moitié des patients étaient des bébés entre 0 et 4 ans.
- D'avril à juin, le CICR a distribué des vivres et des articles ménagers essentiels et / ou des semences à plus de 4 000 familles déplacées par la violence armée dans le centre et le nord du pays. Au total, 260 tonnes de vivres et 235 tonnes de semences ont été distribuées.
- Plus de 500 familles qui ont perdu leur maison ont reçu une aide d'urgence (bâches, cordes, couvertures) pour construire des abris temporaires avant la saison des pluies.
- Depuis janvier, le CICR a rencontré plus de 650 porteurs d'armes de la République centrafricaine afin de promouvoir et de faire respecter le droit international humanitaire (notamment par la Séléka et les armées tchadienne et sud-africaine)
- En sus de l'eau potable acheminée d'urgence aux personnes déplacées et aux structures médicales à Ndélé et Bangui, le CICR a distribué plus de 190 tonnes de produits de traitement de l'eau à Bangui pour quatre mois pour s'assurer que la population a de l'eau courante.
Description des séquences
Lieu : République centrafricaine
Durée : 8 -10 minutes
Format: Mpeg2 / 16:9 anamorphique / SD
Production: Vincent Pouget / Romaric Bekourou / Nicola Fell
Caméra : Serge Kossouate Belalengbi
Son : français et sango
Réf. CICR : AV090N
Date : 21-25 mai 2013
Copyright : CICR, libre de droits
Certains noms ont été changés
0:00 Camion sur la route
0:02 Point de contrôle
0:07 Véhicule du CICR sur une route sale
0:14 Diverses vues de villages brûlés
0:33 Femmes cuisinant à l’extérieur de la hutte
0:49 Intérieur de la hutte – sacs
1:01 EXTRAIT SONORE Nicole Ngou-Ngou, déplacée de Ngangué (en sango)
« Les vêtements des enfants, notre nourriture… tout a brûlé. Les lits, les assiettes, les chaussures. Ils n'ont plus que les chaussures que vous leur voyez aux pieds. En ce qui me concerne, toutes mes paires de chaussures ont brûlé, je n'ai plus d'habits, à part ceux que je porte maintenant. »
1:20 Intérieur de la hutte
1:33 EXTRAIT SONORE Etienne Dabé, déplacé de Ngangué (en sango)
« Nous ne mangeons pas bien, des bestioles nous piquent, nous sommes malades. Par exemple moi, j'ai subi une intervention chirurgicale, et depuis que j'ai été obligé de fuir dans la brousse, j'ai très mal au ventre. »
1:44 Extérieur du centre médical de Mbrès
1:50 Matériel cassé et médicaments
2:26 EXTRAIT SONORE Emilie Gbako, sage-femme, centre médical de Mbrès (en sango)
« Nous sommes cinq à travailler dans le service de maternité.
Question : Et maintenant, combien êtes vous ?
Actuellement que je vous parle, nous ne sommes plus que deux.
2:31 « Dans cette armoire, on pouvait trouver du "vaquium" (tiges laminaires), des médicaments des PTPE, des trousses pour l’accouchement. Dans cette armoire, on trouvait un peu de tout, même des bottes avec lesquelles on travaillait, tout ce qui nous permettait de travailler. »
2:54 « Toutes les femmes accouchent dans la brousse et il y a beaucoup trop de bébés qui meurent. »
3:03 Ambulances endommagées
3:24 Extérieur de l'hôpital Kaga-Bandoro
3:28 Armoire vide
3:41EXTRAIT SONORE Géo Balmore, délégué santé du CICR, hôpital de Kaga-Bandoro (en français)
« Avant, l'hôpital fonctionnait très bien, il y avait des chirurgiens en place, il y avait une équipe médicale en place. Mais depuis la crise à ce jour, il n'y a plus d'activités au niveau du bloc, c'est vraiment difficile, tout est vraiment à zéro.
3:57 « Aujourd'hui je suis là pour préparer le malade qu'on doit référer sur Bangui, qui aurait reçu des balles dans le dos et au niveau de la poitrine. On va donc le référer sur Bangui. On l'envoie sur Bangui parce que nous n'avons pas de bloc vraiment opérationnel, tout a été saccagé et pillé. Défaut de chirurgiens, défaut de matériels, nous ne pouvons pas garder ce cas ici, parce que là il a encore la balle logée dans la région pectorale ici, dans sa poitrine.
4:16 EXTRAIT SONORE Justin Poussouni, patient (en sango)
« Il m'a tiré dessus et j'ai reçu deux (2) balles. La première est entrée ici, et est ressortie là; la deuxième balle est entrée là, et elle reste encore logée dans ma poitrine.»
4:29 Évacuation médicale du CICR
5:13 Distribution de vivres, de semences et d'outils
6:02 Keke portant des sacs à la maison
6:29 EXTRAIT SONORE Madeleine Keke, déplacée de Nana-Outa vers un nouveau village, Gondava (en sango)
« Les semences vont aider ma famille. Si tu manges tes semences, tu te suicides. Il faut les garder et les planter. Même plus tard, il faut les planter. »
6:43 Construction de maisons
6:59 EXTRAIT SONORE Stefan Bigler chef de la sous-délégation, Kaga-Bandoro, CICR (en français)
« Concrètement, c'est un projet qui est mis en place avant tout par la population elle-même. Ce sont les habitants de ce village qui fabriquent eux-mêmes les briques, qui amènent d'autres matériaux de construction disponibles dans la localité, et c'est avec l'aide d'une équipe de maçons professionnels qu'après les maisons sont construites. Le CICR aide aussi à amener le matériel qui n'est pas disponible localement, ça veut dire le bambou et aussi la paille qui est amenée par un camion d'une distance d'environ 100 km d'ici. »
7:34 Construction de maisons
7:46 EXTRAIT SONORE Maïgo Maketa, résidente du nouveau village Gondava (en sango)
« Nous avons maintenant une vraie maison où nous ne voyons plus les termites et autres asticots.
Question : Qu'y avait-il dans votre hutte ?
Des serpents nous y rendaient régulièrement visite; quand il pleuvait, nous étions inondés, les termites détruisaient nos literies. »
FIN 8:10