Journée internationale des disparus: Fin de l'angoisse
L’angoisse de ne pas savoir ce qu’il est advenu de proches disparus peut durer des années. Souvent, en plus du bouleversement affectif et psychologique qu’elles subissent, les familles se retrouvent sans soutien économique, sans accès à l’héritage le cas échéant, et n’ont que peu de ressources pour retrouver la trace de leur proche disparu. À l’occasion de la Journée internationale des personnes disparues (30 août), le CICR lance un appel pour que les familles touchées reçoivent plus de soutien et que l’on redouble d’efforts pour enquêter sur le sort des disparus, ce qui permettrait de réduire le temps pendant lequel les familles restent dans l’angoisse, sans réponses.
Géorgie – Dans l’attente d’une réponse depuis deux décennies
Des centaines de milliers de personnes ont disparu dans les conflits passés, des disparitions qui engendrent de longues années d’incertitude et chagrin. En Géorgie, Beqa, le frère de Lile Pilpani, a été porté disparu il y a une vingtaine d’années. On pense qu’il était à bord d’un avion qui s’est écrasé alors qu’il transportait des combattants vers l’Abkhazie, mais personne n’en est vraiment sûr. Des années plus tard, les corps ont enfin été exhumés du site du crash, à Babushera. Les analyses d’ADN devraient révéler l’identité des personnes qui ont perdu la vie lorsque l’avion s’est écrasé.
Lile a été anéantie par la disparition de son frère. Elle est restée seule pour subvenir aux besoins de sa mère en deuil ainsi que de sa propre fille. Mais, comme beaucoup de proches de disparus, elle avait un revenu insuffisant et peu de ressources pour assumer une charge supplémentaire. Sa vie est devenue un peu plus facile grâce à une petite subvention du CICR qui l’a aidée à monter son atelier de confection de bijoux. Lile s’accroche à l’espoir que son frère sera peut-être retrouvé vivant, même deux décennies plus tard. Une accélération du processus d’enquête et d’examen médicolégal pourrait aider de nombreuses personnes comme Lile.
Syrie – Des milliers de disparus
L’angoisse des familles dont les proches ont disparu perdure. Dans le conflit syrien, des milliers de personnes sont portées disparus pour des raisons très diverses.
Zahr-el-Ban n’a pas vu son mari depuis plus de trois ans. Elle a dû quitter sa maison en Syrie et a trouvé refuge dans la ville libanaise de Chebaa, qui abrite environ 3 000 réfugiés syriens. Zahr-el-Ban lutte contre l’adversité pour élever ses deux jeunes enfants, dont l’un est né après la disparition de son mari et n’a donc jamais connu son père. La jeune femme pleure amèrement, désespérément inquiète de ce qui peut être arrivé à son mari, et ne sachant pas si elle le reverra un jour. « Ma vie s’est arrêtée. Il m’est impossible de décrire la tristesse amère de mon cœur », dit-elle.
Selon Mathilde De Riedmatten, du CICR, il est fréquent que les familles soient gravement affectées pendant des années par la disparition d’un proche ─ qui est très souvent le soutien de famille. Elle explique si l’on améliore le recueil d’informations sur les événements entourant une disparition, cela permettra de raccourcir le temps pendant lequel les familles sont laissées dans l’incertitude.
Mexique – Élucider le sort des migrants
Lorsque des migrants disparaissent en route, on oublie souvent l’angoisse des familles qu’ils laissent derrière eux. Ulises, le frère de Soledad Toledo Alonso, a disparu en 2008. Comme de nombreux migrants du Mexique, il a quitté sa ville dans l’espoir de pouvoir traverser la frontière à Ciudad Juarez pour trouver du travail aux États-Unis. On est sans nouvelles de lui depuis. Soledad a essayé de retrouver la trace de son frère, mais elle vient d’un petit village rural et a peu d’argent à dépenser pour faire des recherches. « Cela nous touche dans tous les aspects de notre vie. Économiquement, affectivement … », dit-elle. Soledad et sa voisine Gudelia, dont le mari a également disparu, font un voyage de deux jours en car jusqu’au centre administratif de la région, à Oaxaca, pour trouver des informations.
Le CICR a aidé Soledad à remplir les papiers nécessaires et l’aide dans sa recherche, mais elle n’a toujours pas de réponses, et le chagrin de sa famille brisée assombrit sa vie. Une amélioration du processus d’enquête et une réponse plus rapide aux demandes d’information aideraient des familles comme celle de Soledad.
Liste des plans
Lieux : Géorgie, Syrie, Mexique
Durée : 8:19
Format : H264.mov / 16:9 / HD
Production : Pawel Krzysiek, Jan Powell
Caméra : Flora Bagenal, Pawel Krzysiek, Arturo Lopez
Son : en anglais et français
Réf. CICR : AV 342N
Date : 27 août 2015
Copyright : CICR ‒ libre de droits
Géorgie
0:00 Plans généraux de Tbilissi.
00: 12 Cimetière à Tbilissi. Tombes anonymes des restes humains exhumés du site du crash aérien de Babushera.
00:00:22 Lile Pilpani, sœur d’un disparu, Beqa, regarde diverses photos de son frère.
00:44 Lile Pilpani
« On a du mal à expliquer ce qu’on ressent. Parfois on espère – et s’il réapparaissait un jour ? Ne pas l’avoir vu mort ni avoir son corps rend tout très difficile. On ne sait pas comment se comporter. Mais les faits ne sont pas bons. Il n’est jamais revenu... où pourrait-il bien être ? Si je voyais mon frère aujourd’hui, je lui dirais qu’il me manque beaucoup et que je l’aime tant. Je le serrerais dans mes bras… peut-être sans rien dire. »
01:14 Divers plans de Lile dans son atelier de confection de bijoux.
01:27 Lile marchant dans la rue à Tbilissi.
01:39 Lile arrivant au magasin où elle vend ses bijoux, discutant des prix avec la propriétaire du magasin.
01:52 Lile sur son balcon – pensive.
Syrie/Liban
02:02 Plans généraux de la campagne libanaise près de la ville de Chebaa, proche de la frontière syrienne.
02:09 Voiture allant chez Zahr-el-Ban.
02:13 Zahr-el-Ban, réfugiée syrienne, avec ses enfants sur le seuil – Arrivée de l’employée du CICR.
02:25 Préparation du thé.
02:40 Interview de Zahr-el-Ban, réfugiée syrienne dont le mari a disparu.
« Mon mari a disparu il y a trois ans et demi. J’ai deux enfants et je suis très malheureuse sans lui. Je n’ai pas d'argent, pas de soutien ... sauf celui de Dieu. (Profond soupir)
02 57 « Ma vie s’est arrêtée. Je vis de l’espoir de revoir mon mari. Je prie Dieu qu'il revienne, qu'il soit vivant. Je ne veux plus dire qu’il a disparu. J’aimerais qu'il soit rendu à ses enfants, à sa famille, à sa maison, à sa vie.
03:17 « C’est mon fils. Il n’a jamais vu son père. Là, c’est son oncle.
03:31 « Il m’est impossible de décrire la tristesse amère de mon cœur.
03:45 « Mon cœur saigne. Cela fait maintenant trois ans et demi… Je ne sais pas s’il est vivant. » (Des larmes coulent sur son visage)
04:04 Plan moyen de la famille.
04:11 Interview de Mathilde de Riedmatten, chargée des activités de protection, CICR
« Le problème des disparus, en Syrie comme dans les autres contextes, est un gros problème. Nous le voyons évidemment chez les réfugiés qui arrivent au Liban depuis la Syrie. Certains déclarent la disparition de membres de leur famille. Comme dans chaque conflit, plus le conflit dure, plus il y a de personnes portées disparues. Les gens disparaissent pendant leur fuite. S’il y a des combats, les familles sont parfois séparées, chacun va dans une direction, ils perdent le contact et n’arrivent plus à se retrouver. Il peut aussi y avoir perte de contact si des personnes sont arrêtées ou enlevées.
04:59 « Le CICR enregistre systématiquement les cas de personnes disparues. Il s’agit d’abord d’avoir une liste de toutes ces personnes, mais aussi de rester en contact avec les membres de la famille parce qu’ils ont des besoins spécifiques maintenant et en auront plus tard. Il est essentiel d’établir cette relation avec les proches, pour qu’ils sachent qu’ils peuvent compter sur le CICR, et pour nous permettre de les suivre dans cette épreuve. »
Mexique
05 29 Plans généraux, frontière mexicaine près de Ciudad Juarez.
05:51 Photo d’Ulises, migrant porté disparu, et plan sa sœur, Soledad Toledo Alonso, tenant la photo.
06:01 Plan général, maison de Soledad dans une zone rurale du Mexique.
06:20 Soledad et sa voisine Gudelia (épouse d’un migrant disparu) partent pour un voyage de deux jours à Oaxaca, centre administratif, pour chercher des informations sur Ulises – divers plans du voyage en car.
6:57 Employés du CICR assis avec Soledad, la réconfortant, regardant les documents.
07:40 Interview de Soledad Toledo Alonso, sœur du disparu.
« Cela nous touche dans tous les aspects de notre vie. Économiquement, affectivement. Quand nous nous réunissons, chaque Noël et Nouvel An, nous nous demandons : où est-il ? A-t-il mangé quelque chose ? Est-il vivant ? Sinon, où est son corps? Qu’est-ce qu’on lui a fait? C’est une énorme angoisse.
08:19 FIN